Présumé coupable
«Xavier Dupont de Ligonnès : dans la tête du suspect», diffusé ce lundi à 21 h sur M6, revient sur la tuerie de Nantes
« Un objet télévisuel non identifié », une « fiction documentée », un « docufiction »… Difficile de qualifier « Xavier Dupont de Ligonnès : dans la tête du suspect », diffusé sur M6 ce lundi à 21 h. Du côté de la chaîne, on se félicite de présenter un nouveau format qui «renouvelle les codes du genre». Le réalisateur, Ionut Teianu, a passé un an et demi à refaire toute l’enquête pour élaborer sa propre théorie de la tuerie de Nantes, dont le mystère reste entier.
Le programme entremêle des témoignages de proches face caméra et des scènes de fiction, avec Erico Salamone dans la peau du père de famille disparu. La correspondance retrouvée sur son ordinateur par le cyber-enquêteur «Christophe la vérité » a servi de fil conducteur au scénario. « Xavier Dupont de Ligonnès écrivait tout le temps, raconte le réalisateur. Il écrivait même à sa femme et ses enfants avec lesquels il habitait pour philosopher sur la vie, leur donner des conseils.» L’ensemble guide le spectateur vers une seule et même thèse : Xavier Dupont de Ligonnès a drogué et tué toute sa famille pour éviter une humiliation sociale. Le docu-fiction évacue par conséquent tous les éléments qui pourraient invalider cette piste et semble avoir oublié que, en l’absence de procès, le suspect est présumé innocent.
Les meurtres à l’écran
Ionut Teianu assume son parti pris. « Nous avons rassemblé un maximum d’éléments pour, ensuite, donner un sens, explique-t-il. On ne voulait pas faire un reportage d’enquête ou quelque chose d’impartial. Tout ce qui est dans le dossier judiciaire l’accable.» L’ami d’enfance de Xavier de Ligonnès, Bruno de Stabenrath, abonde dans le même sens : « Tout l’accuse. Xavier savait qu’on retrouverait les cartes bancaires de l’achat de la chaux. Il s’en foutait de tout ça. C’est dans son mode opératoire, il décide de les éliminer et il s’en va. »
Le film ne laisse pas de place au doute, il porte à l’écran les meurtres. Erico Salamone, qui prête ses traits au suspect, compose un personnage trouble et tout à fait crédible. On découvre un Xavier Dupont de Ligonnès, après sa fuite, qui avoue ses crimes devant la caméra de son téléphone portable. M6 tient son coupable. « C’est une fiction », répète-t-on en boucle. L’enquête n’a toujours pas établi de scénario, mais le docufiction de la sixième chaîne se charge du procès.