20 Minutes

La ville de demain est à Sense City

C’est dans un laboratoir­e de Marnela-Vallée que sont testés les instrument­s qui devraient rendre dans le futur la cité plus durable

- Fabrice Pouliquen

Sense City est une ville qui n’existe que sur la carte du campus de la Cité Descartes, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). En trente ans, ce site d’enseigneme­nt supérieur et de recherche est devenu le pôle français de référence sur « la ville durable ». On y travaille à rendre la ville plus intelligen­te, plus saine, moins énergivore… Bref, mieux armée pour faire face aux défis de demain. Le réchauffem­ent climatique en tête. Et «Sense City, terrain d’expériment­ation à mi-chemin entre le laboratoir­e et la ville réelle, est l’un des outils pour y parvenir», explique Cécile Delolme, vice-présidente de l’université Paris-Est, en charge du projet Future.

De l’extérieur, la mini-ville se résume à un vaste hangar de douze mètres de haut. C’est dans cette «halle climatique» que sont simulés diférents événements météorolog­iques, une canicule comme une tempête. D’ici peu, il sera même possible d’y injecter à grande échelle des polluants et gaz à effet de serre, «des composés organiques volatils, du dioxyde d’azote, du CO2, etc. » détaille Eric Dimnet, ingénieur de l’Institut français des sciences et technologi­es des transports, de l’aménagemen­t et des réseaux (Ifstar).

Des mesures plus fines

Sous la halle, Sense City s’étend sur 400 m². Elle comprend une route qui tourne en rond, un chalet en bois, un bâtiment en béton de deux étages, un feu tricolore, des panneaux d’affichage urbains… Ces éléments de décor varient en fonction des besoins des chercheurs et industriel­s qui viennent y mener des expérience­s. Mais le plus important, ce sont les micro et nanocapteu­rs, une centaine, évalue Eric Dimnet, dont Sense City est bardée. Ce sont eux qui permettron­t, demain, de rendre la ville durable. « L’enjeu n’est pas seulement d’être de plus en plus performant dans la qualité de la mesure, mais également de s’interroger sur la meilleure utilisatio­n que l’on peut faire des informatio­ns récoltées », souligne Cécile Delolme. Un exemple? Depuis avril, Sense City travaille sur la géothermie, un mode de chauffage utilisant les calories contenues dans le sol. «Or on se rend compte que les rendements des cellules géothermiq­ues baissent lorsqu’on en met trop, indique Eric Dimnet. Nous essayons donc de voir de quelle manière ces cellules interagiss­ent entre elles et comment faire pour en tirer le meilleur parti.» Les chantiers sont nombreux : la ville s’apprête à accueillir un deuxième chalet, en matériaux biosourcés, comme le béton et le chanvre, afin de tester leur résistance aux aléas climatique­s. Eric Dimnet espère aussi intégrer une portion de route solaire, «afin de trouver les meilleures solutions pour récupérer et exploiter l’énergie qu’elle produit». Surtout, 2019 devrait être marquée par la création d’une deuxième mini-ville, où seraient cherchées des réponses pour lutter contre les îlots de chaleur.

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La ville-laboratoir­e comprend un chalet, une route, un feu tricolore...

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