COP 24
Les pays de l’UE en désaccord sur les efforts à faire
C’est l’une des rares bonnes nouvelles de la COP24, qui se termine ce vendredi, à Katowice (Pologne). Une trentaine de pays, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont signé, mercredi, une déclaration appelant à accélérer le tempo dans la lutte contre le réchauffement climatique.
A ce jour, les pays qui ont ratifié l’Accord de Paris sur le climat ont encore deux ans pour communiquer leurs engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. La majorité des pays ont déjà déposé, pour certains depuis plusieurs années, leur plan climat, mais « le contexte n’est plus le même, prévient Lucile Dufour, responsable des politiques internationales et de développement au Réseau action climat (RAC). De nouvelles études – dont le dernier rapport du Giec – ont montré l’urgence d’accélérer la transition écologique. » La Commission européenne avait déjà fait un premier pas significatif le 28 novembre en adoptant une nouvelle stratégie climatique censée lui permettre de « devenir, d’ici à 2050, la première grande économie du monde à présenter un bilan neutre sur le plan climatique ».
Un match France-Allemagne
« Cela passera forcément par un relèvement de nos ambitions climatiques à l’horizon 2030, explique Neil Makaroff, chargé des politiques européennes au RAC. Quinze Etats, dont la France, sont arrivés à Katowice en se disant prêts à en lancer le processus. Mais d’autres pays bloquent, comme ceux du “groupe de Visegrad” (République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Pologne). » Ces quatre pays d’Europe centrale puisent encore une part importante de leur énergie du charbon et estiment que l’UE est déjà suffisamment ambitieuse en matière de lutte contre le changement climatique. L’Allemagne se montre aussi incertaine sur ce dossier, même si elle a rejoint la coalition pour la haute ambition. Le pays est en passe de ne pas atteindre ses objectifs climatiques pour 2020 en raison de la forte part qu’occupe aujourd’hui encore le charbon dans son mix électrique [environ 40 % de sa production d’électricité]. Le gouvernement fédéral a lancé, en juin, une commission de réflexion sur la sortie du charbon. Jeudi, à Paris, plusieurs centaines de salariés de l’énergie et de dockers ont manifesté pour demander un « moratoire » sur la fermeture des centrales. De son côté, Berlin attend des garanties de la France avant de s’engager plus clairement dans une diminution du charbon dans sa production d’électricité. « On demande à l’Allemagne de baisser sa part du charbon et eux nous demandent de baisser notre part du nucléaire », a résumé Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de laTransition écologique, mardi. Les deux pays restent dos à dos.