Une «montée des angoisses des enfants » observée
La psychologue Aline Nativel Id Hammou développe l’idée de charge mentale chez les plus jeunes
La lessive, c’est bon. Racheter des couches, OK. Préparer le goûter, fait. Depuis quelques années, le concept de charge mentale, en particulier celui des femmes, a été vulgarisé et popularisé. Mais il n’est pas réservé aux parents, si l’on en croit Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, qui publie La Charge mentale des enfants (éd. Larousse).
La charge mentale des enfants… Cela existe donc ?
Le titre peut faire sourire, mais je constate une montée des angoisses des enfants depuis quatre ou cinq ans. Cette expression en vogue résume un épuisement global, parce qu’ils subissent trop de stimulations. Certains ne peuvent pas s’autoriser à être ce qu’ils veulent. Ils n’arrivent pas à entrer dans une case. Et ils s’épuisent à essayer de le faire.
Quels sont les symptômes d’un enfant qui en souffre ?
Il va devenir un robot et risque de s’éteindre, de se perdre. Un peu comme une fleur qui se fane. Les symptômes sont très variés. L’enfant risque de régresser : certains se remettent à faire pipi au lit, d’autres développent des troubles de l’apprentissage, deviennent moins sociables. Ou ont des retards de croissance, des comportements addictifs, des troubles anxieux généralisés, des phobies, jusqu’à la dépression.
Comment différencier un enfant capricieux d’un enfant en proie à une trop grande charge mentale ?
C’est l’accumulation des symptômes sur une durée longue, avec un changement de comportement entre six mois et un an, qui permet de poser un diagnostic. La fatigue physique, ça revient tout le temps.
Vous critiquez l’éducation bienveillante…
L’éducation positive, c’est super, mais c’est très difficile à appliquer du lundi au dimanche. Ces méthodes sont très généralistes. On fait face à une offre sur la parentalité telle qu’elle renforce le sentiment d’échec des parents. Comment les parents peuvent-ils modifier leur comportement quand leurs enfants semblent épuisés ?
Le premier conseil, c’est de faire le point avec le pédiatre sur l’état de santé global. Ensuite, le parent devrait travailler sur le fait que son enfant n’est pas son double. Il faut donc l’écouter. Le parent doit aussi accepter de se tromper, et qu’il le dise à son enfant. Intuitivement, on connaît ses enfants. L’important reste de se faire confiance.