Le SOS de l’écosystème
L’estimation du nombre d’animaux morts lors des incendies s’établirait à un milliard. La faune et la flore peuvent-elles s’en relever?
Un « million de milliards » d’animaux tués par les flammes en Australie depuis septembre. Parmi eux, le koala est l’un des exemples le plus souvent évoqués sur les réseaux sociaux (lire l’encadré). C’est la dernière estimation de Chris Dickman, spécialiste en biologie de la conservation et en écologie des mammifères australiens, reprise dans le monde entier. L’écologue intègre notamment les insectes, les amphibiens et les parasites dans son calcul. Dans l’idéal, il faudrait aussi intégrer les végétaux et les champignons. Prendre en compte cette complexité, c’est aussi prendre conscience de la difficulté avec laquelle la nature pourra se remettre de ces incendies qui ont déjà grignoté huit millions d’hectares en Australie. « Un incendie est un élément naturel dans le fonctionnement d’un écosystème, et même nécessaire, parfois, détaille Raphaël Gros, chercheur à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Imbe). Le hic est que les mégafeux qui sévissent actuellement bousculent les équilibres. Tout est alors une question de dose. « La capacité de résilience d’un écosystème diminue grandement, encore plus s’il est soumis à des incendies fréquents. »
Cependant, l’homme peut aider à favoriser la recolonisation des espaces brûlés et restaurer les équilibres entre espèces. « L’une des priorités est d’enrichir les sols brûlés, explique Raphaël
Gros. En France, une des techniques est de répandre du compost. Mais la solution n’est envisageable que sur un périmètre limité… pas sur huit millions d’hectares. » C’est toute l’inquiétude de Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS : «Non seulement le territoire est gigantesque, mais la restauration des écosystèmes ne sera pas la seule priorité du gouvernement australien. » Le professeur du Muséum national d’histoire naturelle cite par exemple les 2 000 maisons qui, sur place, sont déjà parties en fumée.
« La restauration des écosystèmes ne sera pas la seule priorité du gouvernement. » Philippe Grandcolas,
directeur de recherche au CNRS