Le président de la fédération, Didier Gailhaguet, se défend et cible l’actuelle ministre des Sports
Le président de la Fédération française des sports de glace, accusé d’avoir couvert des agressions sexuelles, estime être « sali »
Il a commencé par se dire étonné qu’il y ait autant de monde. Comme si ce qui se passe actuellement au sein de la Fédération française des sports de glace (FFSG) ne valait pas tout ce battage. Didier Gailhaguet, le patron de l’instance depuis 1998 (excepté lors de la période 2004-2007), sommé de démissionner par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, après les révélations de violences sexuelles dans le patinage, s’est défendu pendant près d’une heure et demie, mercredi aprèsmidi devant nombre de journalistes. Pas du genre à se laisser impressionner, « l’Empereur », comme le surnomment des parents de patineurs, n’a rien cédé. Point principal de son intervention : il ne donnera pas satisfaction à la ministre. «Pour démissionner, il faudrait que j’aie commis des fautes. Je n’en ai pas commis, a-t-il martelé. Je suis sali par des minables. J’attendrai le résultat de l’inspection diligentée par le ministère avant de prendre une décision. » Repoussée, de fait, à au moins plusieurs semaines.
Maracineanu « moralisatrice »
Didier Gailhaguet ne savait donc rien. En tout cas, rien de faits aussi graves que les viols dont est accusé Gilles Beyer. Il refuse de porter la responsabilité de la présence de cet ex-entraîneur dans le giron fédéral après 2000, malgré une enquête soulignant des attitudes inappropriées avec de jeunes patineuses. «Je n’ai absolument pas protégé Gilles Beyer», a-t-il assuré, ciblant en revanche l’ancienne ministre des Sports Marie-George Buffet qui n’aurait pas été au bout des choses en raison de «graves dysfonctionnements des services de l’Etat».
Didier Gailhaguet dit posséder des documents prouvant tout ça. Il a remis un dossier, d’une bonne centaine de pages, à chaque journaliste venu l’écouter. Questionné sur les mandats détenus par Gilles Beyer au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018, le dirigeant a assuré qu’il n’y pouvait pas grand-chose car l’ex-coach y avait été élu.
« Je ne connaissais pas 90 % des faits sortis dans la presse ces derniers jours », a-t-il encore affirmé, alors que de très nombreux témoignages recueillis ces derniers jours font état d’un homme tout-puissant, à qui rien n’échappe. Imperméable à la pression, il a allumé plusieurs contre-feux, attaquant notamment l’attitude « moralisatrice » de Roxana Maracineanu, « drapée dans ses certitudes ». La fracture avec le ministère est actée. Le bras de fer, entamé. Au cabinet de l’ancienne championne de natation, on s’attendait de toute façon à une bataille de longue haleine. Et, dans la soirée, Didier Gailhaguet a subi un premier revers. L’association Colosse aux pieds d’argile (qui lutte contre la pédophilie dans le sport), avec qui il avait dit collaborer, a démenti cette information. «Il n’a rien fait, c’est un mensonge», a fait savoir son fondateur, Sébastien Boueilh.