«Quand je fais des chansons, je pense à me faire du bien»
Musique L’artiste Philippe Katerine, nommé aux Victoires après l’avoir été aux César, ne refuse jamais une occasion d’élargir son horizon
Alors qu’il voulait juste manger sa banane tout nu sur la plage, c’est à la Seine Musicale (Boulogne-Billancourt) qu’il va devoir passer son vendredi soir. Un an après son césar du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Grand Bain, c’est pour sa musique que Philippe Katerine pourrait être récompensé, par l’académie des Victoires. Grâce à son album Confessions, l’artiste est nommé dans trois catégories : artiste masculin, album et chanson originale pour le titre Stone avec toi.
Les récompenses, est-ce important pour vous ?
Je n’y pense jamais. Ce que j’aime faire, c’est aller au bout des disques. C’est ça la victoire, c’est quand tu fais. Après, le reste, bien sûr que ça compte, mais c’est autre chose.
Certains artistes y voient une forme de consécration. Est-ce le cas pour vous ?
A vrai dire, je suis très content de pouvoir jouer une chanson à la télévision, c’est déjà énorme, surtout avec un disque qui s’appelle Confessions. Ce n’était pas gagné avec ces chansons et cette pochette, je pouvais très bien tomber sur un mur. Or je tombe au contraire sur un accueil affectueux, vigoureux ! Ce n’est pas un disque qui ramollit les gens. Ça leur donne peut-être un tout petit peu de violence par moments, mais elle semble être accueillie.
Craigniez-vous que certaines chansons soient plus difficiles d’accès que d’autres ?
Quand je fais des chansons, je ne pense pas aux gens qui vont les écouter. C’est plus égoïste, je pense plutôt à me faire du bien, c’est tout ce qui compte. Après, j’essaie d’arranger un peu les choses pour que ce soit lisible. Je savais qu’il y avait des choses violentes dans le disque. Mais le monde est violent, donc ce disque l’est aussi.
Vous êtes nommé au côté d’Alain Souchon et Lomepal. Un beau reflet de la musique en France, non ?
Ce sont deux personnes qui sont sur mon disque. Lomepal, avec la chanson 88 %, et Souchon, qui passait souvent en studio quand on enregistrait. Il s’asseyait sur le divan et faisait la conversation. Je lui ai fait enregistrer une phrase dans Point noir sur feuille blanche.
Vous travaillez régulièrement avec des artistes venant du rap, aussi bien avec un Alkpote qu’un Lomepal. Comment arrivez-vous à vous adapter à ces univers si différents ?
Je ne sais pas si j’y arrive, mais quand on m’invite, je suis très titillé, d’autant plus si ce sont des gens un peu éloignés de moi. Le rap est une musique que j’écoute beaucoup, je ne me sens pas comme un poisson dans l’eau parce que je n’ai pas grandi avec, mais c’est une musique qui fait complètement partie de mon quotidien. J’écoute du rap américain… En France, ça peut aller de Vald à Koba LaD, Booba, Shay… Je trouve que c’est ce qu’il y a de plus vibrant aujourd’hui, de plus authentique dans la musique.