A la recherche des invisibles
Insertion Plus d’un tiers des 16-25 ans sans emploi ni formation ne sont pas en contact avec le service public de l’emploi
Leur situation préoccupe les pouvoirs publics. Sortis du système scolaire, âgés entre 16 et 25 ans, ils ne sont inscrits dans aucune formation et n’ont pas de travail. En 2018, ils étaient près de 963 000 jeunes dans cette situation en France, et 37 % d’entre eux ne sont pas en contact avec le service public de l’emploi, selon une étude publiée vendredi par l’institut statistique du ministère du Travail, la Dares. En Ile-deFrance, la préfecture s’est donné pour objectif de retrouver ces « invisibles » à travers son plan régional d’insertion pour la jeunesse des quartiers.
«Déçus des institutions»
Conseillère en insertion professionnelle à la mission locale de Sartrouville (Yvelines), Nadia Hemery tente de faire prendre un rendez-vous à ces « décrocheurs » en les joignant par téléphone, e-mail ou SMS. «On n’a pas le pouvoir de les faire venir, ils n’ont pas l’obligation de venir en mission locale », regrette la conseillère. Pour les convaincre, elle s’appuie sur un «sourceur », chargé d’aller dans les quartiers. « Dans les quartiers prioritaires, les jeunes sont isolés et déçus des institutions», témoigne Mehdi, «sourceur» pour la mission locale jusqu’à la fin 2019. Son rôle était de «reprendre le contact» et de garantir que les jeunes seraient rapidement reçus par des conseillers. «Il ne faut pas les lâcher, je suis tout le temps sur leur dos», insiste Nadia Hemery, dont le souci est de s’assurer qu’ils viendront aux rendez-vous fixés.
«Ils ont quitté l’école trop tôt et ont peur d’aller en formation. » Nadia Hemery, conseillère à la mission locale de Sartrouville
L’une des priorités est aussi de les convaincre de repartir en formation. « Le problème est que les formations ne sont toujours pas rémunérées », note Mehdi. Par ailleurs, la barrière est psychologique. « Ils ont quitté l’école trop tôt et ont peur d’aller en formation », souligne Nadia Hemery. « Il faut les valoriser tout le temps, ils manquent de confiance en eux», admet la conseillère. Un travail pour lequel le temps peut manquer. A la mission locale de Sartrouville, près de 1 200 jeunes sont suivis.