Pour Christophe Hondelatte, le crime ne fait plus recette
L’ex-présentateur de « Faites entrer l’accusé », Christophe Hondelatte, doute de la réelle popularité des récits de crime
C’est terminé pour «Faites entrer l’accusé» sur France 2*. La chaîne a diffusé lundi le dernier des sept épisodes inédits de l’émission présentée par Frédérique Lantieri depuis 2011. Christophe Hondelatte, le présentateur historique du programme, que l’on retrouve sur Europe 1 dans « Hondelatte raconte», revient sur la place des récits d’affaires criminelles dans les médias.
Pourquoi les récits d’affaires criminelles plaisent-ils au public ?
Il n’est absolument pas certain que les affaires criminelles marchent si bien. C’est un sujet qui est assez populaire, mais pas très populaire. Tout un tas de gens considèrent que ça pue, que c’est malsain. Mes propres parents n’ont jamais regardé « Faites entrer l’accusé ». Pour eux, la matière est infréquentable.
Pourquoi, alors, ces récits ont-ils la réputation d’être populaires ?
On a assimilé crime à succès populaire, mais ça n’est pas prouvé. Depuis la fin des années 1980 et le déclin de FranceSoir, la presse écrite ne traite quasiment plus des affaires criminelles, même Le Parisien. Aujourd’hui, les chaînes qui traitent des affaires criminelles, ce sont W9, TFX, C8… Ces chaînes challengers
utilisent l’affaire criminelle pour aller chercher des réserves d’audience, mais dont on sait qu’elles sont limitées.
Vous avez vous-même avoué que ce n’était pas un sujet qui vous intéressait tant que ça au début…
Je n’aimais pas les affaires criminelles pour la même raison que mes parents, car c’est une matière qui a toujours été entachée par un soupçon de vulgarité. Ce qui m’intéresse, c’est de raconter le fonctionnement de la justice en France, et de voir une vérité sur l’être humain qui n’est pas décrite ailleurs.
Quelle différence voyez-vous entre le récit d’affaires criminelles à la radio et à la télévision ?
C’est beaucoup plus compliqué de faire un documentaire de télévision sur un crime que de faire ce que je fais, raconter en faisant toutes les voix. La difficulté, à la télévision, c’est de convaincre les gens de parler devant la caméra. Pour les premiers « Faites entrer l’accusé », on a eu un mal fou ! Mais il n’y a que cette émission où on a réussi à avoir le chef d’enquête, les magistrats, les experts…
Regardez-vous les productions américaines de ce genre ?
J’en ai regardé quelques-unes. Ce qu’elles font est strictement infaisable en France. On a la plaidoirie, l’interrogatoire, le témoignage… Les caméras ne seront jamais intrusives à ce point dans le processus judiciaire chez nous, et je le comprends. La série Netflix sur l’affaire Grégory (une production française) était remarquable. Pour la première fois, et là où d’habitude on ne voyait que des extraits, même dans « Faites entrer l’accusé », on a eu l’intégralité des images de l’affaire, de son début à sa fin.