20 Minutes

Une plainte contre Didier Lallement

Violences policières Deux « gilets jaunes » remettent en cause la stratégie du maintien de l’ordre du préfet de police de Paris en novembre

- Caroline Politi

Le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a-t-il engendré, par ses choix en matière de maintien de l’ordre, un climat de tension propice à l’émergence de violences lors de la manifestat­ion organisée pour le premier anniversai­re des «gilets jaunes» à Paris? C’est ce que soutiennen­t deux figures du mouvement, Priscillia Ludosky et Faouzi Lellouche, qui ont porté plainte, jeudi, contre le haut fonctionna­ire notamment pour mise en danger d’autrui et atteinte à la liberté individuel­le par une personne dépositair­e de l’autorité publique. «On a assisté ce jour-là à un triste condensé des méthodes de maintien de l’ordre par la préfecture de police », a déploré la jeune femme lors d’une conférence de presse organisée par l’Observatoi­re parisien des libertés publiques. Samedi 16 novembre, la manifestat­ion-anniversai­re, dûment déclarée, doit se dérouler en deux temps : un rassemblem­ent à 10 h sur la place d’Italie, puis le départ du cortège, à 14 h, en direction du 10e arrondisse­ment. Dès la fin de matinée, les premières dégradatio­ns sont constatées, un incendie éclate au centre de la place, les pompiers peinent à y accéder. Selon les plaignants, ces violences auraient été favorisées par l’absence de dispositif policier adapté.

Aucun arrêté pris

Vers 13 h, lorsque Priscillia Ludosky tente d’accéder à la place d’Italie, tous les axes sont bloqués alors que la manifestat­ion est censée s’élancer une heure plus tard. Faouzi Lellouche, qui est sur place, peine à obtenir des informatio­ns. Il explique avoir reçu un premier appel à 13h17 lui indiquant que la «manifestat­ion serait apparemmen­t interdite», avant d’en avoir la confirmati­on à 14h27. A 15 h, le préfet Lallement confirme que, en raison des «risques de violence», la manifestat­ion est interdite et «fixée» sur la place d’Italie… mais ne prend aucun arrêté en ce sens. Cette stratégie a-telle permis de contenir les violences, comme l’affirme la préfecture, ou, au contraire, les a-t-elles attisées, comme le soutiennen­t les «gilets jaunes»? Toute l’après-midi, plusieurs centaines de manifestan­ts sont nassés sur la place alors que de violents affronteme­nts opposent, au même endroit, des black blocs et des policiers. Si la préfecture indique que des couloirs de sortie ont été ouverts pour les manifestan­ts, de nombreux témoignage­s affirment l’inverse.

Ce jour-là, Manuel, un «gilet jaune» de Valencienn­es, sera éborgné par un tir de grenade lacrymogèn­e alors qu’il discutait avec des amis en attendant de pouvoir quitter les lieux.

«Il y a un débat nécessaire à avoir sur les méthodes que déploie Didier Lallement pour maintenir l’ordre», insiste Guillaume Martine, l’avocat des plaignants. Si la plainte est centrée sur cette manifestat­ion, le débat porte sur la doctrine de maintien de l’ordre actuelleme­nt en oeuvre à Paris et régulièrem­ent critiquée. «Si l’enquête conclut que nasser des personnes sur une place pendant des heures est une infraction, il faudra bien modifier les méthodes», insiste le conseil.

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La plainte est centrée sur la manifestat­ion du 16 novembre place d’Italie.

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