Sur les traces des cas contacts
«20 Minutes» a suivi le travail d’une équipe de l’Assurance-maladie chargée de retrouver ceux qui pourraient être contaminés
« Bonjour, je suis Mme Bouttaz et je réalise une enquête qui vise à retrouver les cas contacts pour l’Assurance-maladie. Auriez-vous une dizaine de minutes à m’accorder?» En s’équipant de son casque à micro, Oriane participe à la stratégie du gouvernement dans la lutte contre le Covid-19. Son objectif : retrouver les personnes qui risqueraient de contaminer leurs proches. Dans trois sites parisiens, l’Assurance-maladie a dû monter de toutes pièces des équipes de «contact-tracing», en faisant appel à des volontaires parmi ses agents, en recrutant certains CDD et en transformant des salles de réunion en centre d’appels. Au rez-de-chaussée du bâtiment de la CPAM de Paris (19e), ce jeudi après-midi, Oriane Bouttaz doit prévenir François*, un cas contact. François a passé son dimanche à un mariage avec un ami, testé positif ce matin. « – Présentez-vous des symptômes ? – Je pense avoir attrapé un rhume, j’ai mal à la gorge et le nez qui coule. Si vous ne m’aviez pas appelé, je n’aurais pas pensé au Covid. »
« On n’est pas là pour réprimander, mais pour accompagner. » Cécile Pereira-Coutinho,
manageuse à la CPAM de Paris
Oriane entre alors dans les détails : si les symptômes disparaissent ou restent minimes, François doit attendre cinq à sept jours pour faire un test. Si de nouveaux symptômes apparaissent, il doit se faire dépister sous un ou deux jours. « En ce qui concerne les courses, pouvez-vous vous faire aider? Car il faut que vous restiez sept jours en isolement.» Silence au bout du fil. «OK.» Famille, télétravail, voyages, Oriane égrène ensuite les sujets importants. «Si je dois me faire tester, est-ce qu’il y a une procédure spécifique ? », interroge François. «J’allais y venir, réagit la conseillère. Je vous invite à vous rendre sur Santé.fr pour trouver un laboratoire près de chez vous. Je vous envoie un SMS et un mail pour que vous expliquiez que vous êtes un cas contact.» «Neuf minutes, je pense n’avoir rien oublié », souffle-t-elle en raccrochant. La veille, elle avait mené une vingtaine d’appels. Pas évident de s’inviter dans l’intimité des gens… « On est amenés à poser des questions personnelles, reconnaît Cécile Pereira-Coutinho, manageuse départementale du “contacttracing” à Paris. On n’est pas là pour réprimander, mais pour accompagner et répondre aux questions. » Certains s’offusquent-ils? «Dans l’ensemble, les gens comprennent notre mission, assure Oriane. Il suffit d’être pédagogue et bienveillant. » Cet été, la plateforme d’appels de l’Assurance-maladie comptait une trentaine de conseillers. Aujourd’hui, il y a 100 postes sept jours sur sept.