Les cacas d’or des Alchimistes
Une start-up expérimente le compostage de couches pour bébé
Le taux de matière organique contenu dans une couche pour bébé traditionnelle après usage est de 75 %. C'est cette matière que la start-up parisienne Les Alchimistes veut valoriser pour faire du compostage des couches une « évidence ».
«L’objectif est de créer une nouvelle filière d’économie circulaire. » Maïwenn Mollet, responsable du projet
Entre octobre 2019 et juillet, l'entreprise a récolté, dans le cadre d'un appel à projets lancé par la direction de la petite enfance de la Ville de Paris et avec le soutien de l'Ademe, quelque 28 000 protections usagées auprès de cinq crèches du nord-est de la capitale. Soit «quatre tonnes de couches détournées de l'incinération », souligne Maïwenn Mollet, responsable du projet des «Couches fertiles». Les protections recueillies étaient acheminées vers L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où la matière organique était broyée et séparée du plastique, avant d'être mélangée à du broyat de bois et des déchets alimentaires. « Les conclusions confirment que la couche est bien un déchet compostable, mais aussi qu'elle doit être “écoconçue” pour produire un compost de bonne qualité», poursuit Maïwenn Mollet.
Cet essai conduit Les Alchimistes à passer à une nouvelle phase de leur expérimentation cet automne. Celle-ci, d'une durée de dix-huit mois, porte sur le traitement de couches 100% compostables, conçues avec deux fabricants. «Nous conseillerons les deux industriels partenaires sur la façon de rendre leurs produits compostables et sur leur conformité aux normes européennes. Nous les accompagnerons jusqu'à la mise sur le marché», indique la responsable des Alchimistes. Plus largement, « l'objectif est de créer une nouvelle filière d'économie circulaire, qui part d'un déchet pour finir avec un produit ». La start-up pourrait ainsi, à terme, fournir une prestation de collecte de couches compostables auprès des municipalités, puis vendre le compost produit.
«Récupération à domicile»
Les professionnels sont la cible principale des Alchimistes, mais Maïwenn Mollet estime qu'il faudra se diriger vers les foyers, qui représentent le gros de la consommation. La start-up estime que 3,5 milliards de couches pour bébé sont achetées et jetées chaque année : «Nous avons de nombreuses idées à expérimenter. On peut par exemple imaginer des bornes où chacun déposerait ses couches usagées, ou la récupération à domicile. » Pour l'heure, il faudra démontrer la qualité de ce compost pour les sols, et attendre que la réglementation permette sa commercialisation.