A la fois plus économique et plus écologique, l’antigaspi en met plus d’un en appétit
Pour des raisons écologiques ou économiques, ces applis sont devenues populaires
L’antigaspi, un mode de consommation accéléré par le Covid-19? Dans ce contexte si particulier, la manière de consommer a pu évoluer. Remplir son chariot à bas coût grâce aux invendus des supermarchés, récupérer le soir le surplus des restaurants, profiter de dons entre particuliers… Les applications antigaspi, qui existaient pour la plupart avant la crise, ont vu leur nombre d’utilisateurs grimper, comme l’a rapporté récemment Le Parisien. Et elles sont nombreuses : Too Good To Go, Save Eat, Geev, HopHopFood… «Mes chiffres ont été multipliés par six entre mars 2020 et mars 2021 », confirme Jean Moreau, PDG de Phenix, une appli qui propose de retirer un panier de produits invendus chez des commerçants proches de chez soi pour environ moitié moins cher.
Panier surprise
« J’aime l’idée de ne pas gaspiller, explique Maude, qui a répondu à notre appel à témoignages. «a m’évite d’aller en supermarché. En plus, je ne sais jamais quoi cuisiner, donc là, je m’adapte à ce qu’on me donne.» Comme elle, Karine utilise Too Good To Go depuis deux mois : «Cela me permet de découvrir des produits que je n’achèterais pas en temps normal. Cela permet également de faire des économies.» Ceux qui le font par souci écologique ne forment pas la majorité des utilisateurs, explique le patron de Phenix : « On avait à l’origine des gens engagés et militants, qui faisaient ça pour le côté responsable. Aujourd’hui, pour 70% de nos utilisateurs, l’axe économique prime sur l’axe écologique.» Problème : avec la plupart des applis, l’utilisateur ne peut pas savoir ce qu’il y aura dans son panier avant de le récupérer. Ce qui peut causer des déceptions. « Je suis mitigé, car certains restaurants utilisent ce concept pour augmenter leur chiffre d’affaires, déplore Chen. Souvent, la qualité des produits est médiocre. » Au contraire, pour certains, ne pas savoir à l’avance est positif. « Il y a l’aspect de surprise qui ajoute beaucoup dans cet achat, explique Alexis. Le déballage entre colocs est toujours attendu, avec des idées de recette qui fusent à chaque découverte d’ingrédient. »
« Avant, les gens n’osaient pas dire qu’ils achetaient des invendus, poursuit Jean Moreau. L’émergence des applis a réussi à rendre l’antigaspi presque cool.» Catherine Rolin, chargée de mission à France Nature Environnement, y voit du positif : « Plein de gens se rendent compte que ce ne sont pas des rêveries d’écolos et essaient de faire ce qu’ils peuvent à leur niveau. »