«Hippocrate» fait le serment de coller à la réalité de l’hôpital
La saison 2 d’« Hippocrate », qui décrit le mal-être des soignants, a été rattrapée par l’actualité
Au début de la première saison d’Hippocrate, un virus imposait une quarantaine aux titulaires, laissant les internes seuls aux commandes. « Une sorte de prescience de ce qui allait se produire», souligne Thomas Lilti, le créateur de la série, avec lequel 20 Minutes s’est entretenu lors d’une conférence de presse organisée par Canal+.
Au début de la saison 2 d’Hippocrate, lancée lundi sur la chaîne cryptée et écrite avant le début de la crise sanitaire, une rupture de canalisation oblige le service des urgences de l’hôpital Poincaré, en banlieue parisienne, à se replier dans le service de médecine interne. « Une métaphore de l’hôpital qui coule », concède Thomas Lilti.
Une dimension politique
Un portrait d’un hôpital public sous tension, à bout de souffle, tenu à bout de bras par le personnel soignant, pour une série qui prend aujourd’hui toute sa dimension politique. « Je voulais raconter l’état de l’hôpital juste avant la crise sanitaire», explique Thomas Lilti, qui se souvient avoir été «biberonné» à la vénérable série hospitalière Urgences pendant ses études de médecine dans les années 1990. Les protagonistes d’Hippocrate « se retrouvent en première ligne dans un service pas adapté, avec un personnel soignant pas préparé, et des moyens qui ne sont pas les bons pour faire face à une situation difficile.» L’interne urgentiste Igor (Théo Navarro-Mussy), aperçu en saison 1, devient l’un des piliers de cette saison 2. « Il est sous l’eau, il n’y arrive plus. Il est en souffrance et commence à faire des erreurs», annonce Thomas Lilti. Le sort des personnages de fiction d’Hippocrate résonne tristement avec celui des soignants aujourd’hui en France. « Cette production s’est retrouvée en plein Covid-19, ça a été la réalité qui rattrape la fiction. Cela a été difficile, mais cela nous a tous soudés », raconte Agnès Vallée, productrice de 31 Juin Films. «Je me suis demandé si ce que je racontais était toujours d’actualité ou si l’actualité était en train d’exploser ma fiction», résume le créateur.