Humains et animaux dans la même galère face aux maladies
One Health appelle à associer encore plus santé humaine, animale et environnementale, pour mieux anticiper les épidémies
Santé humaine et animale, même combat. Le Covid-19, causé par un virus d’origine animale, est une nouvelle invitation à ne plus dissocier les deux. L’enjeu est de taille et dépasse largement le cadre de la pandémie actuelle. La grippe, le VIH, Ebola… 60 % des maladies infectieuses humaines sont des zoonoses, ces maladies transmises naturellement entre animaux vertébrés à l’homme, et vice-versa. Et 75% des maladies émergentes affectant l’homme sont d’origine animale. Impossible, donc, de les prendre chacune à part. Le concept One Health («Une seule santé») invite même à ajouter dans l’équation la santé des écosystèmes. Un outil à institutionnaliser au plus vite pour prévenir de nouvelles épidémies? Les appels se multiplient en ce sens ces derniers mois. Tant de la part des organisations internationales de santé publique, l’OMS en tête, que de collectifs de chercheurs ou d’instituts de recherche. Mercredi encore, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) consacrait la matinée pour décrire les liens étroits entre santé animale et humaine.
Dans la sphère politique
« Les intrusions de l’homme dans des milieux préservés dotés d’une grande biodiversité accroissent les contacts entre l’homme et les espèces animales sauvages, et donc le risque de transmission d’agents pathogènes», explique Gilles Salvat, directeur général délégué recherche de l’Anses. Le pari de One Health est celui de l’«interdisciplinarité». En clair, faire tomber les barrières entre la médecine humaine, vétérinaire et les sciences de l’environnement.
Si le concept n’a pas empêché la pandémie de Covid-19, il n’est pas resté une coquille vide depuis 2008. Il a même des premiers succès à son actif (lire l’encadré).
Un enjeu majeur est d’insuffler dans la sphère politique ce concept. Dans les cartons, il y a notamment cette idée, portée par la France, de créer un «Haut conseil une seule santé ». Ce comité d’experts de différentes disciplines aurait pour mission de « fournir dès la première alerte les données et les recommandations dont les responsables politiques ont besoin pour enrayer les pandémies naissantes ».