Un débat bien vivant
Des députés de tous bords défendent ce jeudi à l’Assemblée nationale une proposition de loi qui pourrait autoriser l’aide active à mourir.
« Ce serait une avancée considérable », assure Arnaud Canivez qui, en septembre 2019, a dû accompagner son père en Suisse, afin qu’il puisse bénéficier d’un suicide assisté. Ce jeudi, l’Assemblée nationale va discuter d’une proposition de loi qui permettrait une aide active à mourir. Mais le texte n’est pas assuré de passer. C’est le député Olivier Falorni (groupe Libertés et Territoires) qui porte la proposition de loi instituant un droit à « une fin de vie libre et choisie ». Elle est défendue par des députés insoumis, communistes, socialistes, LREM, et même une députée LR. «Pour la première fois, on voit se dégager une majorité transpartisane, c’est assez rare», salue Arnaud Canivez.
Un seul patient décisionnaire
Depuis 2016, la loi Claeys-Leonetti autorise la sédation profonde et continue, qui peut aller jusqu’à la mort, mais sans euthanasie active. La proposition d’Olivier Falorni prévoit que «toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable», peut demander une «assistance médicalisée» pour mourir « par une aide active ». Un terme qui englobe deux situations : soit le patient est capable d’ouvrir la perfusion qui l’aide à mourir, soit c’est le médecin qui le fait.
Alors qu’aujourd’hui, un proche ou un médecin peuvent s’opposer aux directives anticipées, le texte d’Olivier Falorni prévoit, au contraire, que la décision soit prise par le patient. S’il est inconscient, on se réfère à ses directives anticipées. Et s’il n’y en a pas, sa personne de confiance déciderait. «La demande du malade [d’une aide active à mourir] doit être validée par un collège de trois médecins, qui s’assure que la personne est en fin de vie et consciente de son choix», développe Philippe Louhéac, de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (Admd). Enfin, le patient peut revenir sur sa décision. «La parole des patients serait entendue et respectée, résume le directeur général de l’Admd. Aujourd’hui, 2000 à 4000 Français font l’objet d’un raccourcissement de leur vie à leur insu. A l’opposé, des malades qui veulent être dispensés d’agonie peuvent être endormis, mais dépérissent pendant des jours.»