Des maires formés à la gestion de crise
« 20 Minutes » a assisté à une formation dispensée par la gendarmerie
Formés par le GIGN, les deux négociateurs de la gendarmerie ont l’habitude d’être confrontés à des preneurs d’otage ou des personnes suicidaires. Mais, mercredi, à Magny-les-Hameaux (Yvelines), c’est face à une petite dizaine d’élus que l’adjudant Sébastien A. et le maréchal des logis-chef Cyril B. interviennent. Au programme : une formation à la « gestion pacifique des incivilités». Lancé en février, ce dispositif a été mis en place par la gendarmerie, qui a observé « une augmentation assez importante d’altercations ou d’incivilités envers les élus», explique Sébastien A.
«On se regarde dans les yeux»
Durant deux heures, les spécialistes leur donnent des techniques pour « désamorcer un conflit » et « gérer pacifiquement toutes les crises, sans violence», souligne l’adjudant Sébastien A. La première chose à faire, quand un élu est sollicité, c’est d’analyser la situation pour savoir s’il doit intervenir. « Si vous ne vous sentez pas en sécurité, vous n’intervenez pas et vous faites le 17», insiste le négociateur de la gendarmerie. Lorsqu’une «petite manifestation» est organisée devant une mairie, il est important de « repérer et d’identifier le meneur, le fauteur de troubles» et de « l’isoler » pour « le faire redescendre » et instaurer « un dialogue », poursuit le maréchal des logis-chef Cyril B. Il faut ensuite, dit-il, se « synchroniser » avec cette personne. « On se regarde dans les yeux, on n’essaie pas de prendre le dessus sur elle, de se mettre plus haut qu’elle. Il faut vraiment se mettre à son niveau. » L’objectif est de « susciter de l’empathie et de créer un lien de confiance avec elle ». Surtout, poursuit le gendarme, « écouter est ce qu’il y a de plus important pour désamorcer un conflit ». Les formateurs listent ensuite les erreurs à éviter. « Ne promettez rien », avertit le maréchal des logis-chef. Il faut aussi éviter à tout prix d’« humilier la personne », de « donner des conseils personnels » ou de « porter des jugements », complète l’adjudant Sébastien A.
Les élus se mettent dans la peau d’un maire confronté à un administré énervé.
Maire de Lévis-Saint-Nom (Yvelines), Anne Grignon voudrait savoir comment mieux gérer son stress lors de situations conflictuelles. « Quand je suis énervée, je suis en situation de faiblesse», explique-t-elle. Sébastien A. rappelle que, « à partir du moment où il y a une difficulté, il faut reculer et composer le 17 ». La formation se termine par un cas pratique. A tour de rôle, les élus se mettent dans la peau d’un maire confronté à un administré énervé et tentent d’appliquer les conseils distillés par les gendarmes. Après l’été, la gendarmerie entend mettre en place de nouvelles formations à destination des élus. Elles concerneront, cette fois, les questions de cybersécurité.