20 Minutes

De l’électricit­é dans l’air des pétrolette­s

Une startup de Montreuil s’est lancée dans le rétrofit de deux-roues

- Fabrice Pouliquen

Et si, grâce au rétrofit, le Solex faisait son grand retour dans les rues de Paris? Le procédé consiste à extraire le moteur thermique d’un véhicule pour le remplacer par une motorisati­on électrique. Un décret paru le 3 avril 2020 a précisé son cadre réglementa­ire en France. Une vingtaine d’entreprise­s ont investi cette niche et ont déposé des demandes d’homologati­on de kit d’éléctrific­ation. Mais les procédures sont longues, notamment en raison des tests de sécurité à passer. Mi-avril, dans une interview à 20 Minutes, Arnaud Pigoudines, coprésiden­t de l’Associatio­n de la filière du rétrofit électrique en France, n’annonçait pas avant l’automne les premiers véhicules « rétrofités » sur nos routes. C’était sans compter Noil, lancée en mai 2019 par trois amis d’enfance, passionnés de motos et désireux d’appliquer le rétrofit aux deux-roues. « Les procédures vont un peu plus vite sur ces véhicules, explique Victor Breban, cofondateu­r de la start-up de Montreuil. Nous avons obtenu l’homologati­on pour “rétrofiter” le Solex il y a trois semaines. Nous avons aussi passé tous les tests pour le Peugeot 103 [une mobylette mythique] et espérons obtenir son homologati­on d’ici à deux semaines. » Noil dit avoir déjà reçu une centaine de commandes pour « rétrofiter » des Solex, et 75 autres pour des Peugeot 103. Les premières livraisons sont prévues courant juin.

Le cadre réglementa­ire français autorise le rétrofit sur les deux-roues de plus de 3 ans. Cela laisse un vaste terrain de jeu à Noil. Dans les trois années à venir, elle espère obtenir des homologati­ons de ses kits d’électrific­ation pour quinze à vingt modèles de 50 cm3 et 125 cm³, les gabarits que l’on croise le plus sur les routes. « Et si possible d’ici à la fin de l’année pour le Xmax [de Yamaha], le 125 cm³ le plus vendu en France », précise Victor Breban.

Aide d’Etat

Le prix de ces opérations pourrait toutefois être un frein pour certains. La transforma­tion du Solex revient à 499 € pour le particulie­r, une fois déduite l’aide de 1 100 € instaurée par l’Etat et «que nous nous chargeons nousmêmes d’aller chercher», précise le cofondateu­r de Noil. Le tarif grimpe à 899 € pour un Peugeot 103 et entre 1 000 € et 1 300 € pour un 50 cm³, toujours en déduisant l’aide de l’Etat. Noil espère convertir à l’électrique 250 deux-roues d’ici à la fin de l’année et 10 000 dans les cinq ans. Pas seulement de particulie­rs, d’ailleurs. La ville de Montreuil envisage de travailler avec la start-up pour « rétrofiter » les 18 scooters thermiques de son parc, comme l’a annoncé le magazine municipal. «Nous sommes aussi en discussion­s avec d’autres villes, dont Paris », glisse Victor Breban.

«Nous avons obtenu l’homologati­on pour “rétrofiter” le Solex il y a trois semaines.» Victor Breban, fondateur de Noil

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Victor Breban dans les ateliers de l’entreprise Noil, en Seine-Saint-Denis.

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