20 Minutes

«Le bilan est très positif»

La sociologue Marie Jauffret-Roustide livre les résultats de l’expériment­ation dans le quartier Lariboisiè­re

- Propos recueillis par Caroline Politi

En 2016, le projet d’expériment­er à Paris, dans le quartier Lariboisiè­re (10e), et à Strasbourg des salles de consommati­on à moindre risque, communémen­t appelées « salles de shoot», avait soulevé de vives inquiétude­s. Pour la sociologue Marie Jauffret-Roustide (photo), qui a coordonné le volet parisien de l’étude, le bilan est encouragea­nt.

Qui fréquente la « salle de shoot », à Paris ?

A plus de 80 %, des hommes qui vivent, pour beaucoup, dans une très grande précarité sociale. Seuls 17,5 % d’entre eux travaillen­t. Ils consomment généraleme­nt du sulfate de morphine, un opiacé qu’ils s’injectent. Ils fument souvent, aussi, du crack.

Vous notez, dans votre étude, un bénéfice très net en matière de santé publique…

Oui, le bilan est très positif. Nous avons suivi pendant un an 665 usagers de drogue répartis dans quatre villes : à Paris et à Strasbourg, où des salles de consommati­on à moindre risque sont expériment­ées, et à Bordeaux et Marseille, où il n’y en a pas. Dans ces deux dernières villes, 11 % des usagers ont déclaré avoir partagé leur matériel d’injection au cours du dernier mois, contre seulement 1% de ceux qui fréquenten­t les salles d’injection. Le risque de transmissi­on du VIH ou de l’hépatite C est donc nettement diminué.

Avez-vous constaté des répercussi­ons en matière de tranquilli­té publique ?

Oui, c’est également l’un des enseigneme­nts de l’étude. A Paris, entre 2016 et 2018, le nombre de seringues retrouvées autour de la salle d’injection a été divisé par trois. De même, lorsqu’on regarde les statistiqu­es de la délinquanc­e, on n’observe pas de dégradatio­n.

Votre enquête montre que les riverains sont toujours partagés sur la présence de cette salle…

C’est vrai. Pour certains habitants, qui imaginaien­t une disparitio­n totale de la présence des consommate­urs dans l’espace public, cela reste douloureux à vivre car il y a toujours quelques usagers qui continuent à se piquer devant la salle ou dans les rues adjacentes.

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La salle de consommati­on à moindre risque est expériment­ée depuis 2016.
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