MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) inventent pour le compte de NBE éditions une série librement inspirée de faits réels, l’histoire d’une jeune avocate, fascinée par les complaisances achetées par l’argent, qui a choisi de suivre les appétits de son employeur milliardaire.
Résumé : les contacts patiemment tissés dans le Royaume par Anna, l’avocate du milliardaire, portent aujourd’hui leurs fruits. Le ministre de la Justice est, après maintes attentions et invitations, désormais aux ordres. Quant au chef de la police, il est tombé sous le charme vénéneux d’Anna. Elle peut offrir à son mentor, Oleg Chestov, l’arrestation du marchand de tableau Nicolas Haller.
L’arrestation
Dans le hall de l’immeuble où l’oligarque l’avait attiré, Haller ne comprit pas tout de suite que le groupe d’hommes qu’il avait confondus avec les gardes du corps de Chestov étaient en fait des policiers venus lui passer les menottes sans ménagement. Comme il ne sut rien de la parfaite synchronisation des communiqués de presse envoyés aux médias pour clamer d’un même ton nouvelle et médisance : « Arrestation du marchand d’art Nicolas Haller ! » Il était loin de s’imaginer que le stade avait servi de prétexte aux policiers venus l’arrêter. Selon eux, des transactions d’oeuvres auraient eu lieu pas loin du terrain de foot, une bonne raison pour l’envoyer au goulag !
Pour Chestov, propriétaire du club, les matchs servaient surtout à s’attacher les services des uns et des autres. Il instrumentalisait à son profit les autorités du Royaume. Des places offertes pour la Ligue 1, une loge à l’année, avec petits fours et champagne, et voilà un juge ou un policier pris dans un engrenage difficile à défaire lorsque l’on est amateur du ballon rond. Le Greco, l’organe anticorruption du Conseil de l’Europe, incluant les États-Unis, ne s’y était pas trompé en qualifiant de faible la justice du Royaume face à la corruption. Dans les locaux de la police, après avoir été fouillé, mis en rapport avec un avocat de permanence, conduit une première fois en cellule avant de ressortir pour être interrogé, Nicolas Haller comprit que la guerre venait seulement de commencer et qu’elle était faite pour durer. Il ne s’étonna pas à l’annonce de la prolongation de sa garde à vue de quarante-huit heures. (à suivre)