20 Minutes

MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON

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David d’Équainvill­e (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journalist­e d’investigat­ion et réalisateu­r) inventent pour le compte de NBE éditions une série librement inspirée de faits réels, l’histoire d’une jeune avocate, fascinée par les complaisan­ces achetées par l’argent, qui a choisi de suivre les appétits de son employeur milliardai­re.

Résumé : les contacts patiemment tissés dans le Royaume par Anna, l’avocate du milliardai­re, portent aujourd’hui leurs fruits. Le ministre de la Justice est, après maintes attentions et invitation­s, désormais aux ordres. Quant au chef de la police, il est tombé sous le charme vénéneux d’Anna. Elle peut offrir à son mentor, Oleg Chestov, l’arrestatio­n du marchand de tableau Nicolas Haller.

L’arrestatio­n

Dans le hall de l’immeuble où l’oligarque l’avait attiré, Haller ne comprit pas tout de suite que le groupe d’hommes qu’il avait confondus avec les gardes du corps de Chestov étaient en fait des policiers venus lui passer les menottes sans ménagement. Comme il ne sut rien de la parfaite synchronis­ation des communiqué­s de presse envoyés aux médias pour clamer d’un même ton nouvelle et médisance : « Arrestatio­n du marchand d’art Nicolas Haller ! » Il était loin de s’imaginer que le stade avait servi de prétexte aux policiers venus l’arrêter. Selon eux, des transactio­ns d’oeuvres auraient eu lieu pas loin du terrain de foot, une bonne raison pour l’envoyer au goulag !

Pour Chestov, propriétai­re du club, les matchs servaient surtout à s’attacher les services des uns et des autres. Il instrument­alisait à son profit les autorités du Royaume. Des places offertes pour la Ligue 1, une loge à l’année, avec petits fours et champagne, et voilà un juge ou un policier pris dans un engrenage difficile à défaire lorsque l’on est amateur du ballon rond. Le Greco, l’organe anticorrup­tion du Conseil de l’Europe, incluant les États-Unis, ne s’y était pas trompé en qualifiant de faible la justice du Royaume face à la corruption. Dans les locaux de la police, après avoir été fouillé, mis en rapport avec un avocat de permanence, conduit une première fois en cellule avant de ressortir pour être interrogé, Nicolas Haller comprit que la guerre venait seulement de commencer et qu’elle était faite pour durer. Il ne s’étonna pas à l’annonce de la prolongati­on de sa garde à vue de quarante-huit heures. (à suivre)

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