Avoir en tête la santé mentale
C’est un retour qui a beaucoup fait parler. Lundi, la star des Canadiens de Montréal, le gardien Carey Price, a remis les patins après plus d’un mois d’arrêt, passé à soigner des troubles mentaux et une consommation de « substances », comme il l’expliquait sur Instagram début novembre. « Cette annonce a fait l’effet d’une bombe », confirme Raphaël Doucet, journaliste au Québec sur 91.9 Sports. Le joueur a décidé « d’intégrer un centre de traitement ». Un lieu qui fait partie d’un vaste programme mis en place par la NHL dès 1996 pour venir en aide à ceux qui souffriraient de troubles psychologiques. Longtemps tabou dans un sport « macho par excellence », dixit Doucet, la dépression des hockeyeurs est désormais un sujet dont on parle en NHL, au point d’en faire une pionnière parmi les ligues sportives nord-américaines. Il faut dire que le problème était profond, comme l’explique l’ex-joueur Georges Laraque : « La pression des fans, des médias, la peur de ne pas répondre aux attentes, je sais que ça peut te rendre super down.»
L’annonce de Carey Price devrait permettre de libérer un peu plus la parole. Raphaël Doucet a d’ailleurs pu constater la bienveillance du public. « C’est une preuve que les mentalités évoluent, assure Laraque. Il y a vingt ans, il aurait été insulté de toute part. À la place, les gens l’ont applaudi. »
Ça évolue peu à peu
Tout l’inverse de ce qu’a connu Neymar, quand il avait osé évoquer une certaine lassitude face à la pression. Ce qui fait dire à l’ancien footballeur pro Vincent Gouttebarge, aujourd’hui chef du service médical de la Fédération internationale des joueurs pros (Fifpro), que « le sujet est encore trop tabou dans le foot ». Pourtant, une étude scientifique menée par la Fifpro concluait même que 40 % des footballeurs souffraient de dépression et d’anxiété, un taux bien plus élevé que dans le reste de la population.
Les choses évoluent. « L’UNFP [le syndicat français des joueurs] a mis en place il y a quatre ans une permanence téléphonique permettant aux joueurs de discuter avec des psys », explique Gout- tebarge. La Fifa a lancé une vaste campagne de sensibilisation sur la question. Et, pendant les JO de Tokyo, une ligne téléphonique avait aussi été mise en place pour les athlètes qui souhaitaient être redirigés vers un professionnel de la santé mentale.