Le métro fantôme compte marquer les esprits
La mairie de Noisy-le-Grand veut transformer en « endroit branché » la gare abandonnée de l’ancienne ligne SK
Les stations de métro fantômes vous font rêver, alors imaginez un métro fantôme. C’est ce qui se cache dans les sous-sols de Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Le métro SK, du nom de son constructeur (Soulé) et de son inventeur (Yann de Kermadec), est une utopie bien française. Il s’agit de reprendre le principe du téléphérique mais souterrain, à savoir des cabines tractées par des câbles. Ce système devait permettre d’effectuer le dernier kilomètre entre la gare du RER A et le quartier Maille-Horizon, soit un parcours de 518 m.
Le projet s’inscrivait dans l’édification, dans les années 1980, de la ville nouvelle de Noisy-le-Grand et le développement du quartier Mont-d’Est, avec les fameux espaces d’Abraxas de Ricardo Bofill. À l’époque, on voit grand, sûrement trop grand. Héritier de cette vision, le métro SK est prêt à l’emploi en 1993. Problème, il ne mène nulle part, puisque le quartier Maille-Horizon n’est pas sorti de terre. Jusqu’en 1999, il tourne à vide, de temps en temps, pour l’entretien. Après, c’est la fermeture définitive, l’abandon, l’urbex et les graffs. « Un gâchis que cette gare qui n’a jamais servi », commente la maire (LR) de
Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny. La municipalité a décidé de rénover cet espace de 2 500 m², renommé Station K. On y accède par une porte (presque) dérobée, sous la dalle de l’esplanade de la Commune-de-Paris, près d’une sortie du RER A. On débouche sur le hall de la gare, faiblement éclairé.
Granit rose et cathédrale
Le sol et les murs sont couverts d’un granit rose que la ville espère réutiliser lors de la rénovation. Un escalier descend au quai d’embarquement où gît une cabine couverte de graffitis, tandis que le tunnel s’enfonce dans l’obscurité. Un peu plus loin, la salle de commande et l’espace de stockage où sont alignées, deux par deux, huit capsules de transport. Enfin « la cathédrale », avec près de 10 m de hauteur sous plafond, où étaient prévus les locaux du personnel du métro SK. « L’objectif est de transformer la gare en tiers-lieu avec une partie bar-restaurant, un espace sportif avec de l’escalade ou du yoga, et une sorte de galerie artistique », présente Laurent Foret, directeur de la Socaren, la société publique d’aménagement chargée de la rénovation. Un appel à projets sera lancé le 8 avril pour une livraison espérée avant 2026. « Ça va devenir l’endroit branché pour le sud du 93 », promet Brigitte Marsigny. Mais avant cela, l’exploitant devra débourser 1,750 million d’euros pour acquérir les murs viabilisés auprès de la mairie de Noisy-le-Grand.