Remplir son réservoir sans vider son portefeuille
La hausse du prix des carburants pousse davantage d’automobilistes vers le bioéthanol
Une solution miracle pour un plein de carburant à moitié prix ? Alors que le litre d’essence flirte avec les 2 €, de plus en plus de conducteurs se tournent vers le carburant E85 et son litre à 70 ct. Composé à 85 % de bioéthanol, il représente une aubaine pour ceux qui font quotidiennement de la route pour aller au travail. « C’est un carburant moins cher que l’essence car il est moins taxé, fait valoir Philippe Mametz, gérant d’un garage à Meaux, en Seine-et-Marne. La semaine dernière, on est allés à la pompe avec une cliente qui venait d’adopter le carburant E85. Avant, elle faisait son plein pour 85 €, avec le bioéthanol, ça lui a coûté 35 €. »
« La demande a explosé »
En France, plus de 70 000 véhicules ont été équipés de ces kits éthanol qui permettent à une voiture essence d’utiliser ce carburant, selon le réseau de garages AD. Une conversion qui a un coût. « Selon le véhicule et son
ancienneté, cela peut aller de 800 € à 1 200 €, révèle Philippe Mametz. Pour une voiture qui fait 10 000 km à l’année, avec une consommation autour des huit litres, il faut en moyenne dix mois pour rentabiliser cet investissement. »
Les candidats ne manqueraient pas, selon Philippe Mametz : « La demande a explosé avec la hausse des prix. Depuis février, on constate une grosse augmentation des ventes de kits éthanol. Là, j’en suis déjà à 36 sur les trois
premiers mois de 2022, contre 31 en 2021. » Attention, les délais d’installation s’allongent, à cause du manque de composants électroniques qui touche de nombreux secteurs depuis le début de la pandémie de Covid-19. « Désormais, il faut compter environ trois semaines pour obtenir un boîtier », avertit le gérant de garage meldois. Est-ce si écologique, de recourir au bioéthanol ? « Il ne produit pas forcément moins d’émissions de gaz à effet de serre au niveau de
l’échappement, concède Philippe Mametz. En revanche, l’élaboration de ce produit nécessite moins de CO2 que celle de l’essence. Il provient de circuits courts puisqu’il est issu de la production française et qu’on utilise des ressources locales. » Par ailleurs, recourir au bioéthanol pourrait réduire notre dépendance au pétrole. Pour autant, « il ne faut pas chercher à convertir tout le marché automobile au bioéthanol, avertit Philippe Mametz. La France n’a pas encore la capacité de répondre à une telle demande. »