Avis de tempête dans les airs
Impossible de prendre son Airbus personnel, un comble. Depuis la guerre en Ukraine, les Russes sont désormais interdits de vol privé au-dessus du territoire américain. L’oligarque Oleg Chestov a dû
se résoudre à patienter dans un salon d’attente, avant de s’embarquer, comme tout le monde, à l’appel du vol New York-Chypre via Athènes. Il n’avait pas connu pareille vexation depuis des décennies, quand il était simple médecin, en Russie, et pas encore milliardaire. Dans la tête d’Oleg Chestov, c’est la tempête. Il peut tout perdre, son rang, sa fortune, ses petites habitudes d’ultrariche et même son club de foot. À New York, d’où il vient de décoller, avec les sanctions occidentales qui s’abattent en rafale sur tous les oligarques, les appuis se sont faits rares. D’autant qu’il s’est retrouvé sur une liste de Russes spotés par la Chambre des représentants américains.
À côté de lui, toute raide dans son confortable fauteuil première classe, Olga Amakhtova, sa si fidèle avocate d’origine ukrainienne, a la mine soucieuse des mauvais jours. Elle a eu beau jouer de ses relations avec les proches du pouvoir à Kyiv, elle n’a obtenu aucun résultat. Elle sait que son patron ne doit pas perdre cette partie, sans quoi elle peut plier bagage. Pour Chestov, sa collection de tableaux dans les coffres de sa banque chypriote, son île grecque, le yacht de 110 m de long, les propriétés partout dans le monde peuvent tout à coup devenir du plomb. Heureusement que le montage financier qu’il a imaginé lui offre une relative protection, à la condition que sa très chère fille reste propriétaire de la plupart de ses biens.