Un fléau qui fait couler beaucoup d’encre
Un tatouage en langue étrangère, c’est la classe, mais aussi le risque d’une mauvaise traduction. Une appli a offert à certains la possibilité de faire rectifier des erreurs de jeunesse
Depuis une douzaine d’années, je porte un tatouage qui ne veut pas du tout dire ce que je pensais », témoigne Sylvain. De fait, ses deux idéogrammes chinois, situés au niveau de la hanche gauche, devaient signifier « Love and Freedom » (« amour et liberté »).
Or, mi-mars, l’application d’apprentissage des langues Duolingo a lancé une opération de communication sur les réseaux sociaux proposant de vérifier la traduction des tatouages. « Ma femme m’a dit : "Tu es sûr que le tatouage que tu as signifie vraiment ce que tu voulais ?" raconte Sylvain. On a alors envoyé une photo à Duolingo et, quand on a reçu la réponse, on était sur le cul. » Et pour cause, la traduction véritable est « I love Pooh », « j’aime le caca », en bon français (ou « j’aime Winnie l’ourson », mais c’est moins drôle). « J’avais 17-18 ans quand je l’ai fait, détaille Sylvain. J’avais demandé au tatoueur ces deux idéogrammes, mais il me les a faits sans vérifier. Après, j’ai toujours eu un doute sur la traduction. »
Coup de chance pour ce trentenaire de Pau (Pyrénées-Atlantiques), Duolingo lui a offert la possibilité de corriger son tatouage erroné au salon Abraxas, à Paris (4e), où nous avons pu le rencontrer. « Ma femme ne trouvait pas mon tatouage très joli, c’est donc aussi l’occasion de le recouvrir. »
« Amour » devenu « J’aime les filles »
David*, de Salon-de-Provence, (Bouches-du-Rhône), a connu pareille mésaventure, mais avec une traduction moins gênante : « Quand j’étais au lycée, je me suis fait tatouer sur le poignet droit l’idéogramme chinois signifiant "Amour". Même si je l’avais choisi sur le catalogue du tatoueur, je savais que c’était un peu loupé. D’ailleurs, j’avais demandé à des personnes d’origine asiatique si c’était correct, et elles n’étaient pas très convaincues. » Grâce à Duolingo, il apprend que son tatouage signifie en réalité « jolie fille » ou « j’aime les filles », selon l’interprétation.
Ce qui ne devrait pas poser tant de problèmes que ça, puisque ce tatouage avait été réalisé pour « impressionner les filles », ce qui, de l’aveu du Provençal, avait plutôt bien fonctionné. Le problème, c’est que quatre ou cinq ans après, David s’est fait tatouer « haine » sur le poignet gauche, et donc le diptyque « amour/haine » est devenu un peu bancal après la traduction. Le jeune homme de 29 ans est ainsi ravi d’avoir été sélectionné par l’appli pour qu’un tatoueur corrige l’erreur.
Et ce tatoueur, c’est Bin, qui travaille chez Abraxas depuis plusieurs années. Et comme il est d’origine chinoise et très habile – à en juger par son compte Instagram@xiebin1985simon –, la correction ne devrait pas connaître de ratés. *