20 Minutes

Dark kitchens « J’ai déménagé, car ma vie était devenue un enfer »

Certains de nos lecteurs vivant près d’établissem­ents de restaurati­on livrée se plaignent des nuisances sonores, notamment à cause des va-et-vient des scooters

- Photo : S. Salom-Gomis / Sipa Guillaume Novello

C’est le revers de la médaille. Bien aidée par les mesures de confinemen­t, la restaurati­on livrée a connu un boom ces dernières années*, avec comme corollaire logique, la hausse des nuisances liées aux livraisons. Un phénomène accentué par l’apparition des dark kitchens, des restaurant­s qui ne font que de la livraison, et même des dark stores, des supermarch­és sans rayons, sauf dans les roues des livreurs. Depuis, à lire les témoignage­s de nos lecteurs et lectrices, certains vivent un cauchemar. C’est d’ailleurs le terme employé par Angélique, de Courbevoie (Hauts-deSeine), qui décrit des « rodéos urbains dans la rue, des descentes de parking prises pour un urinoir, des trottoirs squattés par les livreurs qui stationnen­t et roulent dessus ».

Conversati­ons bruyantes et musique

Nikita indique habiter au-dessus d’une dark kitchen, et elle est témoin d’un incessant et bruyant ballet : « Même quand leurs moteurs sont éteints, les livreurs sont à l’origine de nuisances : conversati­ons bruyantes, musiques, films sur les smartphone­s et, parfois, altercatio­ns entre eux. »

Même topo pour Gautier, qui habite en face d’un restaurant d’une chaîne de restaurati­on rapide à Montparnas­se (14e) : « Les nuits sont devenues très compliquée­s, car si le restaurant ferme aux alentours de minuit, la livraison, elle, continue jusqu’aux environs de 5-6 h. Durant toute la nuit, on peut avoir jusqu’à un ou deux démarrages de scooter toutes les deux-trois minutes.» Une situation à ce point insupporta­ble qu’il a décidé de déménager dans « un endroit très calme en banlieue ». Même chose pour Léo, qui a quitté définitive­ment Paris (et la région parisienne) en grande partie après l’installati­on d’une dark kitchen en bas de chez lui : « Ma vie était devenue un enfer, et je ne supportais plus de voir à quel point Paris se transforma­it en grande zone logistique de livraison sans vie.»

Nos lecteurs avancent également leurs idées pour réduire les nuisances. « Une pizzeria à côté de chez moi est équipée de scooters électrique­s, souligne Sophie, de Nanterre (Hauts-de-Seine). Zéro nuisance de ce restaurant. » Mais ce n’est pas si simple, puisque les livreurs étant autoentrep­reneurs, c’est à eux de s’acheter leur moyen de locomotion. Or un scooter thermique coûte bien moins cher qu’un électrique… Les lecteurs et lectrices n’oublient pas les livreurs eux-mêmes. « Les pauvres mangent par terre dans la rue faute de pouvoir s’asseoir quelque part, s’indigne Amandine.

L’hiver, ils attendent des heures dehors sans pouvoir se réchauffer. C’est honteux ! » Pour Charlotte, « il faudrait que les plateforme­s prennent ellesmêmes leur part dans la résolution de cette problémati­que, en proposant un local de rassemblem­ent, avec toilettes, salle de pause, machine à café, point d’eau, etc. »

* Avec un chiffre d’affaires en hausse de 47 % entre 2019 et 2020, selon le cabinet Food Service Vision.

 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France