Paradis pour oligarque
À la sortie de l’aéroport de Larnaca, sur l’île de Chypre, pour la première fois depuis des jours, Oleg Chestov se sent un peu plus en sécurité. Les relents iodés de la Méditerranée, dont il n’a cure ordinairement, lui chatouillent agréablement les narines. Ici, il est vraiment chez lui. Il a même acheté un passeport et la nationalité chypriote. Tarif de l’opération : l’acquisition d’une villa. C’est tout ce que demandaient les autorités locales pour consacrer un nouveau citoyen européen.
Ancré dans ce pays depuis douze ans, le Russe a même poussé la coquetterie, à force de cadeaux, soutiens, financements divers, jusqu’à s’offrir une immunité sous la forme d’une loi sur mesure à son nom, la loi Chestov. Un crime financier commis à l’étranger doit être reconnu par la législation locale pour être sanctionné.
Sur l’île, la finance et les oligarques sont la sève qui irrigue les oliviers de la terre de naissance d’Aphrodite, autrement dit tous les flibustiers de la finance y sont à l’abri. Avec un acolyte de l’ancien président américain, ils ont même pris la majorité dans une banque privée locale. Chestov y a planqué sa collection de tableaux, une affaire à près de deux milliards de dollars. Bref, après les sueurs froides et les humiliations américaines, il est temps de se détendre un peu.
La vibration de son téléphone dans la poche de sa veste interrompt sa rêverie. Un coup d’oeil sur le nom qui s’affiche sur l’écran, Serguey Zebuchenko, un général du FSB. La cloche d’un nouveau round
tinte.
(à suivre)