Notre-Dame a dépassé l’époque du jeu d’arcades
Tablette en main, une expo permet aux visiteurs d’explorer en immersion l’histoire de la cathédrale
Tout le monde se met aux jeux vidéo. Même Denis Brogniart, qu’on imagine plus volontiers faire une pub pour des allume-feu, vante les mérites d’une fameuse console de jeux. Alors pourquoi pas Notre-Dame de Paris ? Ne nous emballons pas, il ne s’agit pas d’un jeu vidéo sur la cathédrale, mais d’une exposition immersive* au Collège des Bernardins (5e). En tout, « il a fallu un an et demi à une trentaine de personnes pour la concevoir », raconte Édouard Lussan, cofondateur d’Histovery. C’est cette start-up française qui est à la manoeuvre, avec le soutien de l’Établissement public chargé de la restauration de la cathédrale, du Collège des Bernardins et de L’Oréal, qui finance tout ça. « Ici, l’ADN est le jeu vidéo, la curiosité est sans cesse sollicitée et c’est au visiteur d’interagir », insiste celui qui a conçu la visite augmentée ou « histopad ».
Muni d’une tablette, le visiteur doit scanner des similis QR Code disposés le long de l’exposition. Alors apparaît sur le pad une reconstitution en 3D de diverses époques de Notre-Dame, de sa construction à l’incendie du 15 avril 2019. Il faut balayer l’espace avec sa tablette pour avoir une vue d’ensemble.
« C’est vous qui bougez les objets »
Il est possible de zoomer et d’interagir, à la manière des point and click des années 1990, comme la série des « Monkey Island ». Le visiteur est invité à chercher dans chaque scène un morceau de vitrail caché afin de le reconstituer. « On traite cette thématique sous la forme d’une chasse au trésor, indique le concepteur. Ça marche toujours auprès du grand public. » L’interactivité guide la visite. « Vous êtes le héros, c’est vous qui bougez les objets, vous effectuez des choix », présente André de Sa Moreira, scénographe de l’expo.
Une mécanique que l’on retrouve dans les jeux en monde ouvert. Mais, prévient Édouard Lussan, « on ne fait pas un jeu vidéo. On s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux personnes âgées, et pas spécifiquement aux gameurs. » À la différence d’un jeu comme Assassin’s Creed, d’Ubisoft, l’histopad « se doit d’avoir une véracité historique parfaite », souligne son concepteur. D’où la soumission pour validation de chaque séquence à un comité scientifique. « Ubisoft fait sa cathédrale pour un gameplay spécifique, explique Édouard Lussan. Il est obligé de tricher avec l’histoire pour servir son propos qui est d’avoir un bon gameplay. Notre objectif, c’est de faire une visite virtuelle dans le passé pour le plus grand nombre. »
* « Notre-Dame de Paris, l’exposition augmentée », jusqu’au 17 juillet au Collège des Bernardins (5e). Gratuit, réservation conseillée.