Enfance « Pour moi, le président était un peu comme un roi »
Discussions enflammées dans le salon, fête ou défaite lors des résultats… Les enfants devenus grands se souviennent avec émotion des anciennes présidentielles
En fouillant dans nos mémoires, nous avons tous des souvenirs d’enfance des précédents scrutins. Et ils se rappelleront à nous dimanche, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Car la politique n’est pas qu’une affaire d’adultes : selon un sondage* réalisé pour Bayard Jeunesse, 70 % des parents n’hésitent pas à parler de politique à leurs enfants. Ce dont témoigne
Juliette, 14 ans aujourd’hui, qui se souvient très bien de la campagne de 2017 : « J’avais 9 ans et mes parents regardaient le JT à l’heure du dîner. J’écoutais leurs conversations qui tournaient autour d’Emmanuel Macron. Ils disaient qu’il fallait voter pour lui afin de ne pas avoir Marine Le Pen au second tour. Pour moi, le président était un peu comme un roi. »
« J’ai pris des bulletins dans la corbeille »
Toujours selon cette enquête, 47 % des parents disent voter en compagnie de leur progéniture, et 10 % les amènent même jusque dans l’isoloir. Le souvenir de l’isoloir laisse une impression de solennité, d’immersion dans le monde des adultes, comme en témoigne Joselito : « En 1981, à 7 ans, je suis entré dans l’isoloir avec ma mère. J’avais la sensation que son choix allait changer l’élection, et je suis reparti du bureau de vote avec des bulletins récupérés dans la corbeille. »
Pour les plus anciens, c’est l’élection de François Mitterrand, en mai 1981, qui reste gravée dans les mémoires. « L’écran était en noir et blanc, mais j’ai vu une rose », évoque Margaux. Brigitte, elle, avait 13 ans : « Le visage de François Mitterrand est apparu petit à petit à l’écran. Cela m’avait paru très long, et cette image me revient en mémoire à chaque élection présidentielle. » Un autre lecteur, qui avait 9 ans à l’époque, et dont les parents étaient coopérants en Algérie, a aussi été marqué : « Le représentant de l’ambassade a communiqué les résultats de Paris. Certains coopérants ont débouché des bouteilles de champagne, d’autres ont sorti une guitare et chanté du Brassens. Mes parents étant heureux, je me sentais rassuré. » * Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 002 parents d’enfants ayant entre
7 et 18 ans, du 26 janvier au 4 février.