20 Minutes

Des Ukrainienn­es face au vide administra­tif

En vacances en France avant la guerre, une mère et sa fille ont eu un mal fou à obtenir la protection temporaire accordée aux personnes ayant fui après le 24 février

- Aude Lorriaux

Ce devait être un banal séjour linguistiq­ue. Anastasiia suit des cours de français dans l’Hexagone et sa mère, Svitlana, en profite pour passer quelques vacances avec l’un de ses amis, Laurent, qui habite Chevilly-Larue (Valde-Marne) et rencontré au cours de vacances en 2020. Le 24 février, tout se complique. Kiev, dont elles sont originaire­s, est sous les bombardeme­nts russes. Il n’y a plus d’avion pour rentrer, elles se retrouvent piégées. Laurent va tout faire pour aider ses amies. Il tente de joindre la préfecture de Créteil, qui ne répond pas, et la préfecture d’Aix-en-Provence, la plus proche de leur lieu de vacances, qui les renvoie vers la préfecture de Créteil. Le ping-pong continue pendant une quinzaine de mails, et plusieurs rendez-vous à l’Ofii (Office français de l’immigratio­n et de l’intégratio­n). Laurent comprend qu’il existe une protection temporaire qui devrait être accordée aux Ukrainiens qui fuient les bombes. Mais que cette aide n’est donnée qu’à celles et ceux qui ont fui après le 24 février. « Entre le 24 février et le 13 mars, personne n’a été capable de me répondre, explique-t-il. J’ai contacté le Haut commissari­at des Nations unies pour les réfugiés, qui m’a promis de rappeler… et ne l’a jamais fait. La Cimade [associatio­n de soutien aux migrants et migrantes] bloquait sur la protection temporaire. Personne ne savait. »

« C’est comme si le père Noël répondait »

Laurent est déçu de cette situation. En désespoir de cause, il écrit au président de la République. La réponse de l’Élysée arrive quelques jours plus tard. « C’est comme si nous avions envoyé une lettre au père Noël, et qu’il avait répondu », en rit encore Svitlana. De fait, le 4 avril, lors du rendez-vous à la préfecture promis par la directrice des migrations et de l’intégratio­n, la famille obtient enfin le précieux sésame.

« Et là, tout se met en place : carte de paiement, Sécurité sociale… s’enthousias­me Laurent. On retrouve la France ! » Malgré ce long parcours du combattant, Svitlana n’en veut pas à ce pays : « Partout, dès que je disais que je venais d’Ukraine, les gens voulaient vraiment nous aider. » Son ami est soulagé, mais inquiet pour les autres Ukrainiens et Ukrainienn­es qui se trouvent dans la même situation : « On se rend compte qu’il faut se battre pour bénéficier de la loi. »

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A. Lorriaux / 20 Minutes Svitlana et sa fille, Anastasiia, ont affronté les méandres de l’administra­tion française.
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