MONEY JUNGLE, NOTRE FEUILLETON
David d’Équainville (éditeur et auteur) et Pascal Henry (journaliste d’investigation et réalisateur) ont raconté dans la saison 1 de Money Jungle, une série librement inspirée de faits réels, les aventures d’une jeune avocate fascinée par les complaisances achetées par l’argent de son employeur milliardaire, l’oligarque Oleg Chestov. Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la saison 2 suit les traces du milliardaire, occupé à mettre à l’abri sa collection de chefs-d’oeuvre et le reste de sa fortune.
Résumé de l’épisode 5 : Oleg Chestov explique au général du FSB, Serguey Zebuchenko, son associé, comment il compte profiter de l’affaiblissement de la Russie par les sanctions économiques. Il a imaginé un plan pour prendre le contrôle d’une partie des sociétés du conglomérat de la Fédération de Russie, Rostack, dont sa filiale d’armement.
Interlude à la Barbade
« Surtout ne bougez pas, attendez mes ordres. » À l’autre bout du monde, sur l’île de la Barbade, John, le capitaine du superyacht My Emma, a reçu cinq sur cinq l’injonction adressée en messagerie cryptée par l’oligarque Oleg Chestov. Pas question d’appareiller, comme prévu chaque année à la même saison, pour l’île grecque de Patrokas, en mer ionienne. Avec les sanctions occidentales, le tout récent yacht à 250 millions de dollars pourrait se retrouver coincé avec ses 110 m de long, saisi par les douaniers européens ou américains. Comme ceux de ses petits camarades oligarques russes qui n’ont pas réagi à temps. L’énorme bateau de luxe est bien tranquille, ancré devant Bridgetown, capitale de la Barbade, sans se faire remarquer plus que de raison, excepté par sa taille gigantesque. L’AIS, ce positionnement GPS obligatoire sur ce type de navire, est débranché pour ne pas se faire repérer. Ici, personne ne demandera rien. La nouvelle république caribéenne a fait récemment sécession de la Couronne britannique. Elle accueille bien volontiers les touristes fortunés. Quant aux sanctions, la guerre en Ukraine… C’est bien loin tout ça, pourvu que la taxe de 4 000 $ par jour soit payée. Une pacotille pour un tel havre en ces temps si difficiles.
De la terrasse de sa villa chypriote, Chestov observe le lointain, au-delà de la zone frontière avec la Chypre du Nord qui borde son domaine. Il se retourne lentement vers son fidèle Zebuchenko. La bourse de Moscou, le MOEX, vient tout juste de rouvrir. « Cette fois, on y va », conclut Chestov.