La pollution leur a fait battre de l’aile
Trois insectes ont totalement disparu de la région Île-de-France. La dégradation des espaces naturels est l’une des premières raisons du déclin de ces populations
On les entendait autrefois chanter, voler ou bourdonner dans nos contrées. En Île-de-France, des dizaines d’espèces de sauterelles, papillons et libellules sont aujourd’hui considérées comme éteintes, d’après les listes rouges de l’agence régionale de la biodiversité (ARB). Selon elle, la dégradation des espaces naturels est l’une des premières raisons du déclin des populations d’insectes, mais la pollution leur cause aussi de sérieux dégâts. 20 Minutes a choisi de vous présenter trois de ces petites bestioles disparues.
L’AZURÉ DES MOUILLÈRES. Plus d’une espèce sur trois de papillons de la région est actuellement menacée ou a disparu. La survie de l’azuré des mouillères, un insecte qui n’a pas été revu en Île-de-France depuis 1993, dépend d’un fragile équilibre entre la présence de sa plante hôte, la gentiane, et celle d’une fourmi, la myrmica scabrinodis. Les chenilles consomment la fleur, et les fourmis sont attirées par des phéromones que les chenilles libèrent. La chenille de l’azuré des mouillères imite le comportement des larves de fourmi et va même « jusqu’à émettre des stridulations semblables à celles produites par leur reine », explique Hemminki Johan, chargé d’études à l’ARB. Le but : être amené dans la fourmilière et se délecter des larves de fourmis. Selon le scientifique, l’azuré des mouillères « a souffert du drainage, de la mise en culture et de l’amendement des prairies humides ».
LA DECTICELLE DES ALPAGES. Parmi les 63 espèces de sauterelles, de criquets et autres grillons évaluées en Île-de-France par l’ARB de la région, 14 sont menacées. Et quatre sont carrément considérées comme « régionalement éteintes », soit des espèces qui « n’ont pas fait l’objet d’observation régionale depuis 1997 ». Parmi celles-ci, on trouve la decticelle des alpages, une petite sauterelle qui vit surtout dans les massifs montagneux. Elle a déserté la forêt de Notre-Dame, si tuée à cheval sur le Val-de-Marne et la Seine-et Marne, à cause« de l’ embroussaille ment des prairies, de leur assèchement et du réchauffement climatique, indique Hemminki Johan. Cette espèce est de plus en plus repoussée en altitude, où elle trouve encore les biotopes et les conditions climatiques favorables à son développement. »
L’AGRION ORANGÉ. Sur 58 espèces de libellules observées en Île-de-France, une est considérée comme « régionalement éteinte », l’agrion orangé. C’est une espèce qui affectionne les eaux courantes lentes et les étangs aux rives boisées. On n’avait plus de nouvelles de ce papillon en Île-de-France depuis le début des années 1990, aux alentours du massif de Fontainebleau. « Mais, en 2021, une donnée a été observée vers Étampes, ce qui montre bien que les listes rouges doivent être actualisées et qu’il y a parfois de bonnes nouvelles », insiste Hemminki Johan, qui pense que « le changement climatique aura un effet favorable sur cette espèce et qu’il est possible qu’elle soit plus présente à l’avenir dans la région ».