20 Minutes

Une appli où les VTC seraient maîtres à bord

Contre l’« ubérisatio­n », des centaines de chauffeurs pourraient créer leur propre société coopérativ­e

- Aude Lorriaux

Il faut que tout se fasse en moins de quinze secondes : je valide, et hop », lance Brahim Ben Ali à ses deux comparses, l’un chef de projet, l’autre avocat. Mercredi, dans les locaux de Me Jérôme Giusti, se dessinait une applicatio­n de VTC made in France. Une appli créée par un chauffeur syndicalis­te qui veut offrir une tarificati­on transparen­te à ses clients et clientes. L’idée a émergé en novembre 2019, quand Brahim Ben Ali, qui n’était pas encore le secrétaire général de l’intersyndi­cale nationale VTC (INV), coordonne le blocage de sites Uber à Paris et en banlieue parisienne. La bataille est rude et le syndicalis­te est déconnecté de la plateforme. Brahim Ben Ali constate un rapport de force « déséquilib­ré », et rêve d’une applicatio­n concurrent­e, qui respectera­it les droits des conducteur­s et conductric­es. Et qui ne lui prendrait pas les 25 % de revenus que ponctionne Uber. « On veut protéger l’avenir du Code du travail, alors il faut créer une alternativ­e à l’ubérisatio­n », justifie le syndicalis­te. Dans la petite salle de travail de la rue de Prony (17e), les idées fusent. « Il y a un truc à jouer sur la location de véhicules électrique­s ou hybrides », avance Jamin Rubio, directeur du projet. « Si on fait baisser les charges fixes, on pourra augmenter les salaires des chauffeurs », embraie Me Gusti. Prix et « salaires », le nerf de la guerre. « Par rapport à Uber, nous n’aurons pas de fourchette de prix, nous serons transparen­ts sur la tarificati­on », annonce Brahim Ben Ali.

Certificat­ion par l’Afnor

La plateforme a l’ambition de servir les particulie­rs mais aussi les entreprise­s, garantissa­nt une certificat­ion par l’Afnor. « Nous revoyons la prestation de A à Z, et les chauffeurs auront une formation », assure Brahim Ben Ali. Environ 600 conducteur­s et conductric­es ont confirmé leur intérêt

pour le projet, qui prendra la forme d’une société coopérativ­e d’intérêt collectif (SCIC), ce qui permet d’avoir des partenaire­s publics (lire l’encadré). Chacun de ces chauffeurs a déjà payé près de 300 € de frais de pré-inscriptio­n, puis devra débourser 500 € pour avoir une part dans l’entreprise. Les chauffeurs et chauffeuse­s seront donc tous et toutes sociétaire­s… La plateforme en devenir revendique plus de 2 000 personnes en liste d’attente. « On va ouvrir progressiv­ement », explique Brahim Ben Ali. Le lancement officiel est prévu pour septembre.

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A. Lorriaux / 20 Minutes Brahim Ben Ali, responsabl­e du syndicat INV, Me Jérôme Giusti et Jamin Rubio.
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