Présidentielle Quand insoumis rime avec indécis au second tour
Le « Pas une seule voix à Marine Le Pen » de Jean-Luc Mélenchon divise celles et ceux qui ont voté pour le candidat LFI au premier tour
Àquatre reprises, le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a appelé ses électeurs à ne pas voter pour la représentante du Rassemblement national, Marine Le Pen, dimanche 10 avril. Quel sera le choix des 22 % de Français ayant opté pour la candidature Mélenchon au premier tour ? Pour tenter de le savoir, 20 Minutes a lancé un appel auprès de ses lecteurs et a obtenu plusieurs centaines de réponses.
Une partie des électeurs du tribun voteront pour Emmanuel Macron afin de faire barrage au RN. « Malgré un dégoût profond pour Macron, je voterai contre Marine Le Pen, car il m’est impossible de donner une voix au fascisme », assure Julie. Même constat pour Quentin, qui s’inquiète des libertés publiques : « Je voterai pour lui à contrecoeur, certes, mais ce second tour est pour moi un choix entre le respect de l’État de droit, que représente Macron, et le conservatisme sociétal et la mise à mal de la démocratie, qu’incarne Marine Le Pen ».
D’autres lecteurs insoumis assurent qu’ils ne feront aucun choix, dimanche. « Comme en 2017, je m’abstiendrai, car le vote blanc n’a pas d’utilité, c’est l’abstention qui envoie le signal le plus fort », estime Thomas. « Je ne voterai pas au second tour, car je n’oublie pas que Macron a voulu ‘‘emmerder’’ les
Français, et que des milliers de personnes ont dû se faire vacciner pour garder leur travail », développe ainsi Fleur. « Ce sera l’abstention, car je ne peux pas me résoudre à choisir entre le mépris de classe et le mépris de race », abonde Élodie. Didier, lui, ne réitérera pas le barrage républicain effectué en 2002 contre JeanMarie Le Pen. « Chirac n’a jamais tenu compte du fait qu’il ne s’agissait pas d’un vote d’adhésion. Je vais donc m’abstenir, car il est hors de question de donner ma voix à l’extrême droite ou à Macron, dont l’arrogance m’insupporte. »
Enfin, des insoumis mettront un bulletin Le Pen dans l’urne. « Macron est le président des riches. Je ne veux pas d’une retraite à 64 ou 65 ans, car j’ai un travail en horaires décalés qui va forcément jouer sur mon espérance de vie », se désole Fabien. « Je voterai Le Pen, car il y a des points communs avec Mélenchon, le RIC [référendum d’initiative citoyenne] et la fin du pass vaccinal [suspendu par l’exécutif en mars dernier] », ajoute Fabrice. D’autres font un choix stratégique, comme Mohammed : « Face au saccage de notre modèle social, et bien qu’étant un Français de confession musulmane, je voterai Le Pen. Il est probable qu’elle ne soit pas capable de réunir une majorité à l’Assemblée, laissant ainsi présager une cohabitation. » Un pari risqué, car les présidents élus ont, la plupart du temps, obtenu la majorité absolue aux législatives suivantes.
« Malgré un dégoût profond pour Macron, je voterai contre Le Pen. » Julie