Réélu, le président est attendu au tournant
À peine reconduit à l’Élysée, Emmanuel Macron a déjà plusieurs dossiers chauds sur son bureau
Pas de répit pour le président. Après sa réélection, dimanche, avec environ 58 % des voix, il va devoir s’atteler à plusieurs tâches.
RÉFORMER LE SYSTÈME DE RETRAITES.
Le projet de réforme de 2019 n’avait pas pu voir le jour. D’où le souhait d’Emmanuel Macron de remettre l’ouvrage sur le métier. « Il y a urgence, car le nombre de cotisants va beaucoup se réduire dans les prochaines années, commente Victor Poirier, directeur des publications de l’Institut Montaigne. Cette réforme n’étant pas populaire, la seule manière de la faire passer est de surfer sur la légitimité conférée par l’élection. » Lors de sa campagne, Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé son intention d’allonger l’âge de départ à la retraite et de le relever progressivement à 64 ans d’ici à 2027, avant éventuellement de le porter à 65 ans. Ce qui n’étonne pas le politologue Stéphane Rozès, président de la société Conseils, analyses et perspectives : « C’est le levier le plus facile à actionner, qui a l’impact le plus rapide sur le système et le plus facilement lisible pour le grand public. Même s’il pose le problème du maintien des seniors en emploi, alors que la France est en dessous de la moyenne européenne dans ce domaine. »
AGIR POUR LA TRANSITION CLIMATIQUE.
D’après le dernier rapport du Giec, il nous reste trois ans pour limiter le réchauffement de la planète. Parallèlement, les objectifs de l’Accord de Paris pour la France prévoient une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 par rapport à leur niveau de 1990. « Et l’Union européenne s’est fixé un objectif de neutralité carbone en 2050 », souligne Stéphane Rozès. « D’où l’idée sous-jacente d’Emmanuel Macron de créer un Premier ministre chargé de la planification écologique », indique Victor Poirier. Il souhaite construire six centrales nucléaires de nouvelle génération, implanter 50 parcs éoliens en mer d’ici à 2050, rénover 700 000 logements par an, produire des millions de véhicules électriques et hybrides… Mais, selon Stéphane Rozès, il faudra aussi faire un travail de pédagogie : « Les efforts demandés aux particuliers vont exiger qu’ils changent certains comportements, et cela aura un coût économique pour eux. »
BOOSTER LE POUVOIR D’ACHAT. Inflation à 4,5 % en mars, flambée des prix de l’énergie et de certains produits alimentaires… Le pouvoir d’achat a été la problématique qui a le plus intéressé les électeurs pendant la campagne, et Emmanuel Macron a déjà annoncé quelques-unes de ses intentions : créer un chèque alimentation pour les plus modestes, accorder une ristourne à la pompe de 15 à 18 ct, tripler le plafond de la « prime Macron », supprimer la redevance
télé… « Il va sans doute devoir agir sur les dépenses contraintes des Français en maintenant les prix bloqués sur l’énergie », avance Stéphane Rozès. « Il va devoir augmenter certains minima sociaux et le point d’indice des fonctionnaires. Tout en développant les dispositifs d’intéressement et de participation dans les entreprises… », ajoute Victor Poirier.
JOUER UN RÔLE DANS LA DÉSESCALADE
EN UKRAINE. La France a joué un rôle de premier plan dans la diplomatie
européenne sur la crise en Ukraine. Elle vient en soutien à Kiev, mais ne veut pas entrer en guerre avec la Russie, avec laquelle elle continue à parler. « La France est le seul État membre de l’Union européenne disposant d’une force de dissuasion nucléaire. Et elle
est membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce qui lui donne un poids spécifique dans les relations diplomatiques », rappelle Stéphane Rozès.
RENFORCER L’HÔPITAL PUBLIC. Deux ans de Covid-19 ont souligné les fragilités du système de santé public. Emmanuel Macron a promis de recruter 50 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires d’ici à 2027. « Le Ségur a été largement insuffisant. Car des lits continuent à fermer depuis. Il faut renforcer encore les moyens pour ne pas que s’installe encore davantage un système de santé à deux vitesses », estime Stéphane Rozès. « Emmanuel Macron va devoir s’atteler rapidement aussi aux déserts médicaux et à la question de la qualité des soins », souligne Victor Poirier.