Il y a beaucoup trop de fans au foyer
Depuis le retour du public dans les stades, après le confinement, les interdictions de déplacement pleuvent
Pas content, pas content ! Alors que se profile la fin de saison de Ligue 1, la 36e journée, il y a une semaine, a été l’occasion pour de nombreux groupes de supporteurs de manifester leur colère contre les instances et les autorités publiques, DNLH (Division nationale de lutte contre le hooliganisme) en tête. Ils déplorent les interdictions de déplacement sans cesse plus nombreuses décidées par les différents préfets ainsi que les fermetures de tribunes qui sont, elles, du ressort de la commission de discipline de la LFP.
« Des motifs d’interdiction absurdes »
Pour Killian Valentin, porte-parole de l’Association nationale des supporteurs (ANS), les événements violents et très médiatisés du début de saison (NiceOM, Lens-Lille, OL-OM…) ne sont pas étrangers à cela : « Ils ont donné du grain à moudre aux préfets pour pouvoir relancer les arrêtés préfectoraux à tort et à travers. » Dès lors, les interdictions de déplacements sont (re)devenues la règle. Avec, de plus en plus, des justifications à dormir debout : l’ouverture d’un magasin Ikea, la fête du cerfvolant de Berck ou le salon du manga de Noyelles-Godault qui, comme tout le monde le sait, nécessite de mobiliser la garde nationale pour contenir ces hordes de fous de BD. « Ces mesures ne sont pas efficaces et ont des effets pervers, souffle Nicolas Hourcade, sociologue et membre de l’Instance nationale du supportérisme. Quand ça devient si fréquent et pour des motifs si absurdes, quelque part, ça rend les mesures complètement illégitimes. » Comme la DNLH est aux abonnés absents depuis l’arrivée de son nouveau patron, le commissaire Thierry
Delaunay, en septembre 2020, plus personne ne veut se risquer à prendre en charge la question de l’encadrement des déplacements de supporteurs. Au grand dam du député Sacha Houlié, qui cible trois niveaux de responsabilité : « Une DNLH dont on ne sait pas très bien ce qu’elle fait ni à quoi elle sert, une Instance nationale des supporteurs qui n’est plus réunie depuis novembre, et des préfets qui font ce qu’ils savent faire de mieux : de la prévention des risques, donc ceintures et bretelles. »
Quand, en Allemagne, pour prendre l’exemple le plus sain en matière de gestion du supportérisme, l’…tat et les instances ont préféré régler les problèmes
en mettant l’accent sur les sanctions individuelles, en identifiant et en ciblant les fauteurs de troubles, la France, elle, fait l’exacte opposée. « Aucun pays n’a lutté efficacement contre le hooliganisme en fermant des tribunes ou des stades et en interdisant aux gens de se déplacer, regrette Nicolas Hourcade. On est dans une approche répressive incohérente et inefficace. » À tel point qu’on se pose aujourd’hui la question de savoir si la France a réellement envie de s’impliquer dans ces problématiques. Et, pour le sociologue, « la réponse française est non. C’est beaucoup plus simple et moins coûteux en temps et en argent d’interdire le déplacement des supporteurs ou de fermer une tribune. »