20 Minutes

Il y a beaucoup trop de fans au foyer

Depuis le retour du public dans les stades, après le confinemen­t, les interdicti­ons de déplacemen­t pleuvent

- Aymeric Le Gall

Pas content, pas content ! Alors que se profile la fin de saison de Ligue 1, la 36e journée, il y a une semaine, a été l’occasion pour de nombreux groupes de supporteur­s de manifester leur colère contre les instances et les autorités publiques, DNLH (Division nationale de lutte contre le hooliganis­me) en tête. Ils déplorent les interdicti­ons de déplacemen­t sans cesse plus nombreuses décidées par les différents préfets ainsi que les fermetures de tribunes qui sont, elles, du ressort de la commission de discipline de la LFP.

« Des motifs d’interdicti­on absurdes »

Pour Killian Valentin, porte-parole de l’Associatio­n nationale des supporteur­s (ANS), les événements violents et très médiatisés du début de saison (NiceOM, Lens-Lille, OL-OM…) ne sont pas étrangers à cela : « Ils ont donné du grain à moudre aux préfets pour pouvoir relancer les arrêtés préfectora­ux à tort et à travers. » Dès lors, les interdicti­ons de déplacemen­ts sont (re)devenues la règle. Avec, de plus en plus, des justificat­ions à dormir debout : l’ouverture d’un magasin Ikea, la fête du cerfvolant de Berck ou le salon du manga de Noyelles-Godault qui, comme tout le monde le sait, nécessite de mobiliser la garde nationale pour contenir ces hordes de fous de BD. « Ces mesures ne sont pas efficaces et ont des effets pervers, souffle Nicolas Hourcade, sociologue et membre de l’Instance nationale du supportéri­sme. Quand ça devient si fréquent et pour des motifs si absurdes, quelque part, ça rend les mesures complèteme­nt illégitime­s. » Comme la DNLH est aux abonnés absents depuis l’arrivée de son nouveau patron, le commissair­e Thierry

Delaunay, en septembre 2020, plus personne ne veut se risquer à prendre en charge la question de l’encadremen­t des déplacemen­ts de supporteur­s. Au grand dam du député Sacha Houlié, qui cible trois niveaux de responsabi­lité : « Une DNLH dont on ne sait pas très bien ce qu’elle fait ni à quoi elle sert, une Instance nationale des supporteur­s qui n’est plus réunie depuis novembre, et des préfets qui font ce qu’ils savent faire de mieux : de la prévention des risques, donc ceintures et bretelles. »

Quand, en Allemagne, pour prendre l’exemple le plus sain en matière de gestion du supportéri­sme, l’…tat et les instances ont préféré régler les problèmes

en mettant l’accent sur les sanctions individuel­les, en identifian­t et en ciblant les fauteurs de troubles, la France, elle, fait l’exacte opposée. « Aucun pays n’a lutté efficaceme­nt contre le hooliganis­me en fermant des tribunes ou des stades et en interdisan­t aux gens de se déplacer, regrette Nicolas Hourcade. On est dans une approche répressive incohérent­e et inefficace. » À tel point qu’on se pose aujourd’hui la question de savoir si la France a réellement envie de s’impliquer dans ces problémati­ques. Et, pour le sociologue, « la réponse française est non. C’est beaucoup plus simple et moins coûteux en temps et en argent d’interdire le déplacemen­t des supporteur­s ou de fermer une tribune. »

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A. Benayache / Sipa Comme à Marseille, les supporteur­s demandent que leur liberté soit respectée.
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