La CEDH déboute Mö, son combat continue

Elle est la première personne intersexe au monde à porter plainte pour mutilations génitales. Mö, 44 ans, attendait cette décision depuis sept ans. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) l’a débouté·e jeudi de sa demande pour une question de procédure. Mö est né·e avec une variation du développement sexuel, c’est-à-dire des organes génitaux atypiques, comme environ 2 % de la population dans le monde. Mö était en parfaite santé, mais le corps médical a convaincu ses parents qu’il était nécessaire de l’opérer, pour la·le faire entrer dans la case « femme ».

Stérilisation forcée

En tout, iel a subi cinq interventions chirurgicales lourdes entre 1980 et 1993. On la·le stérilise, on lui injecte des hormones, on corrige ses organes génitaux externes. Et on lui impose ce qui ressemble fort à des viols. De ses 4 ans à ses 11 ans, iel doit aller à l’hôpital pour qu’on lui élargisse son vagin. Ces séances et les traitements médicaux associés vont perturber sa vie sans que Mö ait les outils pour comprendre. Pour ces raisons, iel avait porté plainte en France, en 2015. Même si la décision de la CEDH est décevante pour Mö, elle est un bon signe pour la suite de son combat puisque la Cour reconnaît le caractère illégal des stérilisations « sans finalité thérapeutiques », « incompatibles » avec « le respect de la liberté et de la dignité ».