Pas de déblais d’attente pour évacuer et stocker
Pour la construction du Grand Paris Express, 47 millions de tonnes de terre doivent être excavées
C’est un trou béant de 25 m de profondeur entre le canal de Saint-Denis et la gare du RER B La Plaine-Stade-de-France. Le puits Agnès n’est qu’un des multiples chantiers lancés pour la mise en place du Grand Paris Express (GPE) d’ici à 2030. Ici, c’est la société Eiffage qui est chargée du percement du tunnel de la ligne 15 Est. Pour cela, un tunnelier de 100 m de long dévore chaque jour 1 000 à 1 500 m³ de terre.
Ces déblais, comme on appelle les terres excavées, sont nombreux, très nombreux : environ 47 millions de tonnes pour la totalité du chantier. Pour éviter qu’ils ne se perdent dans la nature, la Société du Grand Paris (SGP) a mis en place un système de traçabilité, appelé T-Rex, grâce auquel « on sait parfaitement dire quel déblai va où et dans quelles conditions », vante
Jean-François Monteils, le président du directoire de la SGP. En outre, 6 500 sondages ont été effectués pour connaître la qualité des sols, tandis que des analyses sont effectuées tous les 200 à 500 m³ de terre excavée. Finalement, « 98 % des sols sont non pollués et non dangereux », assure Bernard Cathelain, membre du directoire de la SGP.
Combler une carrière, édifier une butte
Reste ensuite à trouver des lieux de chute pour ces déblais. En tout, 400 sites ont été agréés par la SGP selon des critères stricts pour les recevoir. Pour l’instant, seuls 169 d’entre eux ont effectivement accueilli des terres excavées. « La SGP s’est engagée à en valoriser 70 %, explique Thomas Gaudron, responsable de la valorisation des terres excavées. Aujourd’hui, nous sommes à 47,1 % de valorisation sans transformation, par exemple en utilisant les déblais pour combler des carrières ou pour des aménagements comme le parc de la plaine du Sempin [Seine-et-Marne]. » Par ailleurs, 41 % des déblais totaux, qui ne sont pas considérés comme valorisés, serviront à l’édification de la butte
paysagère de Villeneuve-sous-Damartin (Seine et-Marne).
Mais, entre leur excavation et leur éventuelle valorisation, ces terres doivent être transportées. «Nous avons un objectif d’évacuation par voie fluviale ou ferroviaire d’au moins 15 % », détaille Bernard Cathelain. Au niveau du puits Agnès, les déblais évacués du tunnel par des bandes transporteuses en caoutchouc sont ensuite stockés dans d’énormes bacs de 500 m³ avant d’être chargés dans des barges de 2 000 t amarrées au quai voisin.