Méditerranée Une bouteille à la mer face aux chaleurs précoces
Pour les scientifiques, des eaux plus chaudes plus tôt peuvent déboucher sur des épisodes météorologiques plus violents à l’automne
Il semblerait que, cette année, l’été ait pris de l’avance en Méditerranée. Une large zone située entre la Corse et les Baléares enregistrait fin mai « une anomalie » de la température des eaux de surface supérieure d’environ 4° C pour la saison, selon les observations de l’ECMWF, le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme. Lundi, par exemple, la température de l’eau à Nice était de 22° C, un niveau d’ordinaire atteint en juillet.
Petite différence, grandes conséquences
Une donnée qui peut faire le bonheur des baigneurs, à défaut de faire celui de l’environnement. Car la situation est, pour l’heure, propice à la survenue cet automne d’épisodes méditerranéens, des phénomènes orageux particulièrement intenses. Et, en météo, plus l’écart de température entre les masses d’air est grand, plus violents sont les conflits et les phénomènes météorologiques.
« Ces événements de précipitations intenses préoccupent beaucoup les météorologues, indique Florian
Pantillon, chercheur en aérologie, l’étude des propriétés des régions inférieures de l’atmosphère. Une mer plus chaude donne davantage d’évaporation, donc des précipitations plus intenses. Mais, une hausse de 1 % des températures n’augmente pas, par exemple, de 1 % les précipitations. Une petite différence peut avoir de grandes conséquences. »
L’objet d’étude privilégié de Florian Pantillon sont les tempêtes et dépressions en Méditerranée, notamment le phénomène des medicanes. « C’est une contraction de Méditerranée et hurricane (ouragan en anglais), explique-til. Ce sont des dépressions assez rares qui présentent certaines des caractéristiques des ouragans : un enroulement nuageux, un oeil et des vents qui dépassent allègrement les 100 km/h. » À l’inverse des cyclones et ouragans observés depuis plusieurs décennies, le phénomène de ces « cyclones subtropicaux » est encore mal étudié. Mais la communauté scientifique se mobilise. Une première réunion de chercheurs européens est prévue à ce sujet pour la fin juin à Athènes, dans un pays violemment touché par un medicane les 17 et 18 septembre 2020. « Leur formation dépend de conditions et de conflits de masse d’air à très grande échelle, quasi continentale, conclut Florian Pantillon. Mais une mer plus chaude peut permettre à ces tempêtes explosives de s’intensifier. »