« Je soutiens, mais je n’ai rien à dire »
Si le milieu du stand-up est perçu comme sexiste, il échappe pour l’heure à un grand déballage inspiré du mouvement #MeToo
Dans l’univers du stand-up, la plainte contre Djimo n’est pas une surprise. Depuis plusieurs années, les rumeurs d’une enquête de sur cette industrie circulent et en inquiètent certains. Elle est finalement publiée en avril dans le sillage du #MeToo stand-up, lancé en janvier par l’humoriste Florence Mendez. Mais ce n’est pas le raz-de-marée attendu. « Malgré les centaines de témoignages, toutes les recherches menées par les journalistes, les articles qui sortent, au final, on a deux noms qui sont révélés au grand public [Djimo et Seb Mellia, visés par des accusations d’agressions sexuelles et de viols pour plusieurs femmes] », résume bien le duo comique Camille et Justine dans une vidéo sur Instagram, publiée en avril.
Une timide introspection
La plupart des humoristes, contactés dans le cadre de cette enquête, ont préféré rester anonymes. « Je n’ai rien à dire, mais je soutiens », ont répondu de nombreux artistes de cette scène. Le milieu a débuté – timidement – son introspection. Tout le monde s’accorde pour décrire un monde sexiste, des blagues sur les femmes souvent humiliantes et des gestes parfois inappropriés. Une ancienne serveuse d’un comedy club parisien se souvient, par exemple, avoir refusé les avances d’un humoriste. « Tu viendras me sucer la bite quand je serai plus connu que Kev Adams », s’est-il emporté, selon son témoignage. « Il faut nettoyer ce milieu, que les choses changent », insiste un stand-upper du Paname Art Café.
Ça commence cependant à bouger. De plus en plus de femmes se font une place. Aujourd’hui, des salles comme le Joke, imposent des scènes avec au moins une femme pour cinq artistes. Ambre, la programmatrice de ce comedy club, ne s’arrête pas à des quotas. Parfois, elle présente une scène entièrement féminine, mais c’est rare. « Les femmes qui marchent sont très demandées, assure-t-elle. Elles ont peu de disponibilités ». Les codes sont en train de changer. Même si, selon elle, « ils mettent du temps à disparaître ».