20 Minutes

« Je soutiens, mais je n’ai rien à dire »

Si le milieu du stand-up est perçu comme sexiste, il échappe pour l’heure à un grand déballage inspiré du mouvement #MeToo

- Photo : Primipil / iStock / Getty images plus L.B et L.F

Dans l’univers du stand-up, la plainte contre Djimo n’est pas une surprise. Depuis plusieurs années, les rumeurs d’une enquête de  sur cette industrie circulent et en inquiètent certains. Elle est finalement publiée en avril dans le sillage du #MeToo stand-up, lancé en janvier par l’humoriste Florence Mendez. Mais ce n’est pas le raz-de-marée attendu. « Malgré les centaines de témoignage­s, toutes les recherches menées par les journalist­es, les articles qui sortent, au final, on a deux noms qui sont révélés au grand public [Djimo et Seb Mellia, visés par des accusation­s d’agressions sexuelles et de viols pour plusieurs femmes] », résume bien le duo comique Camille et Justine dans une vidéo sur Instagram, publiée en avril.

Une timide introspect­ion

La plupart des humoristes, contactés dans le cadre de cette enquête, ont préféré rester anonymes. « Je n’ai rien à dire, mais je soutiens », ont répondu de nombreux artistes de cette scène. Le milieu a débuté – timidement – son introspect­ion. Tout le monde s’accorde pour décrire un monde sexiste, des blagues sur les femmes souvent humiliante­s et des gestes parfois inappropri­és. Une ancienne serveuse d’un comedy club parisien se souvient, par exemple, avoir refusé les avances d’un humoriste. « Tu viendras me sucer la bite quand je serai plus connu que Kev Adams », s’est-il emporté, selon son témoignage. « Il faut nettoyer ce milieu, que les choses changent », insiste un stand-upper du Paname Art Café.

Ça commence cependant à bouger. De plus en plus de femmes se font une place. Aujourd’hui, des salles comme le Joke, imposent des scènes avec au moins une femme pour cinq artistes. Ambre, la programmat­rice de ce comedy club, ne s’arrête pas à des quotas. Parfois, elle présente une scène entièremen­t féminine, mais c’est rare. « Les femmes qui marchent sont très demandées, assure-t-elle. Elles ont peu de disponibil­ités ». Les codes sont en train de changer. Même si, selon elle, « ils mettent du temps à disparaîtr­e ».

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