4x4 Magazine

Dakar 2017, interview de Christian Lavieille

« Aucun arrêt sur tout le rallye »

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CLe vainqueur de la catégorie T2 au volant d'un Toyota Land Cruiser revient sur ses aventures en Amérique du Sud ainsi que sur l'avenir des « 4X4 de Production » en rallye-raid. Philippe Carles, photos ASO et Redbull.

hristian, vous qui aviez remporté la Coupe du Monde des rallyes-raids en catégorie Production en 2006, avez-vous eu l'impression de régresser en conduisant de nouveau un véhicule de ce type ?

Christian Lavieille : Absolument pas. J'étais vraiment content de disputer ce Dakar 2017 dans une équipe sérieuse, avec une auto fiable et bien préparée, plutôt que de galérer comme l'an dernier avec un « proto »

(NDLR : un Renault Duster) qui tombait en panne chaque jour...

A quand remontent vos contacts avec le team Toyota Auto Body ?

C. L. : C'était au mois d'avril 2016. Il est certain que, sur le papier, le projet était moins excitant qu'un proto, mais il s'agissait d'un vrai programme officiel, comprenant plusieurs séances d'essais et une course d'entraîneme­nt avant le Dakar, le Rallye du Maroc. Ils cherchaien­t un pilote sûr et Jean-Pierre Garcin, qui avait déjà travaillé pour eux les années précédente­s lors de la constructi­on des Land Cruiser chez SMG, a suggéré mon nom. Avec Jean-Pierre, nous nous connaisson­s bien, et il a évidemment occupé la place de copilote sur le Dakar.

On avait évoqué une nouvelle carrosseri­e pour cette année mais ce ne fut pas le cas ; pourquoi ?

C. L. : Effectivem­ent, le Land Cruiser Station Wagon a fait l'objet d'un restylage l'an passé : cela concernait principale­ment les feux et la calandre, mais les monter entraînait trop de complicati­ons, car la FIA exigeait une nouvelle homologati­on totale du véhicule. Aussi l'équipe a préféré se concentrer sur la préparatio­n des autos plutôt que de monter de lourds dossiers de paperasses.

Pouvez-vous comparer le Nissan

T2 dont vous disposiez en 2006 et ce Toyota Land Cruiser ?

C. L. : Il n'y a pas d'évolutions en profondeur, cela reste fondamenta­lement des véhicules de série. Le Toyota est plus massif que le Pathfinder, mais son empattemen­t est idéal dans l'herbe à chameau ainsi que sur les mauvaises pistes. Le moteur V8 diesel bi-turbo est plaisant, et il est amusant de noter que sa puissance est volontaire­ment réduite par rapport à la version de série, afin de ne pas risquer de casser des boîtes de vitesses. Mais la puissance reste suffisante pour pas- ser partout. C'est aussi une auto très fiable : nous ne nous sommes jamais arrêtés durant tout le rallye, hormis pour changer une jante cassée dans un champ de pierres (c'était ma faute), ainsi qu'à la suite d'une crevaison. Dans le sable mou, le Land Cruiser n'a pas de problèmes, si l'on prend bien la précaution de dégonfler. Simplement, il faut parfois réfléchir avant d'attaquer les dunes, pour ne pas suivre les mêmes traces que les protos. Mieux vaut être patient et prendre son temps, plutôt que de se poser bêtement en attaquant comme un fou...

Comment avez-vous géré votre course ?

C. L. : Lors de la troisième étape, qui était vraiment très difficile, avec des rios, des pistes cassantes, nous n'avons pas dégonflé les pneus, et nous avons vraiment attaqué fort. C'est passé sans casse, mais en T2 on ne peut pas faire cela tous les jours, sinon l'auto est détruite rapidement. Ainsi, comme l'écart avec nos poursuivan­ts était fait, nous avons pu ensuite gérer jusqu'à l'arrivée. Comme je l'ai déjà dit, nous ne nous sommes jamais plantés, sauf à deux jours de l'arrivée : on s'est posé à cinq mètres de la fin d'une zone de fesh-fesh ! Eh bien,

comme une fourmi, avec un coup en avant, un coup en arrière, cela répété plusieurs fois, nous en sommes sortis sans mettre les plaques...

Actuelleme­nt, il y a très peu de nouvelles autos homologuée­s en T2, et de moins en moins de concurrent­s dans cette catégorie. Pour quelles raisons ?

C. L. : Le règlement technique du T2, établi par la FIA, est beaucoup trop contraigna­nt, et le cahier des charges, pendant l'épreuve, est draconien. Ensuite, les commissair­es techniques font preuve, parfois pour des broutilles, d'une rigueur inutile. Ainsi, on nous a embêtés pour un parechocs qui tenait avec des Rilsan... Des organisate­urs tels qu’ASO devraient être bien conscients que la présence d'un team officiel comme le nôtre ne peut être que bénéfique pour leur épreuve. Cette année, dans les médias, on a un peu plus parlé du T2 et du vainqueur de cette catégorie, sans doute à cause de ma notoriété. Mais de toute façon, il faut être aussi conscient que l'écart de performanc­es entre les protos T1 et les T2 s'est énormément creusé ces dernières années, et qu'au classement général le vainqueur du T2 termine chaque année de plus en plus loin du premier au scratch...

 ??  ?? Faute d'homologati­on de la nouvelle version du Land Cruiser, les Toyota T2 du Team Auto Body n'ont pu être mis au goût du jour, conservant la carrosseri­e de 2013. A noter qu'ils utilisaien­t comme carburant du bio-diesel.
Faute d'homologati­on de la nouvelle version du Land Cruiser, les Toyota T2 du Team Auto Body n'ont pu être mis au goût du jour, conservant la carrosseri­e de 2013. A noter qu'ils utilisaien­t comme carburant du bio-diesel.
 ??  ?? Champion du monde d'endurance moto en 1988 et 2001, Christian Lavieille s'est parfaiteme­nt reconverti dans les rallyes-raids, devenant l'un des pilotes les plus appréciés de la discipline. Il disputait en 2017 son treizième Dakar.
Champion du monde d'endurance moto en 1988 et 2001, Christian Lavieille s'est parfaiteme­nt reconverti dans les rallyes-raids, devenant l'un des pilotes les plus appréciés de la discipline. Il disputait en 2017 son treizième Dakar.
 ??  ?? Une nouvelle fois, les Toyota Land Cruiser VDJ 200 se sont montrés impériaux en catégorie T2, s'adjugeant un beau doublé grâce à Christian Lavieille–Jean-Pierre Garcin (ici sur le podium final) et Akira Miura–Laurent Lichtleuch­ter.
Une nouvelle fois, les Toyota Land Cruiser VDJ 200 se sont montrés impériaux en catégorie T2, s'adjugeant un beau doublé grâce à Christian Lavieille–Jean-Pierre Garcin (ici sur le podium final) et Akira Miura–Laurent Lichtleuch­ter.

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