Ford Kuga 2.0 TDCi 180 ch PowerShift 4x4 vs VW Tiguan TDI 190 DSG7 4Motion
Les premiums en ligne de mire
Cantonnés jusqu’à leurs dernières évolutions au segment du « classique » compact 4x4 familial, les nouveaux Kuga et Tiguan lorgnent désormais vers le premium au travers de finitions très haut de gamme, prenant même pour le Ford la forme d’une gamme à part entière.
Vignale : tel est le nom choisi par Ford pour composer un ensemble de propositions exclusives réunissant certains modèles de sa gamme. Le restyling du Kuga fut donc l’occasion de présenter cette luxueuse version, qui se distingue déjà au premier coup d’oeil par ses jantes et sa grille de calandre aux dessins spécifiques ou surtout son kit carrosserie complet. Le nouveau Tiguan joue lui aussi la carte de l’exclusivité en arborant pour ses finitions supérieures Carat une face avant pour le moins distinctive, avec sa calandre chromée dans laquelle se fondent littéralement des projecteurs LED au design très différent des optiques de base. Et notre modèle d’essai en remet une couche avec ses roues 20’’ tirées du catalogue d’options. Bien que l’on puisse trouver sous leurs capots la plupart des motorisations disponibles, ces SUV haut de gamme se conçoivent difficilement sans un minimum de répondant. Pour ce faire, leurs turbodiesel actuels les plus puissants — le Volkswagen ne devant pas tarder à recevoir un Bi-TDI fort de 240 ch — sont mis à contribution. Toujours proposés en transmission intégrale, ils se marient en l’espèce avec de modernes boîtes à double embrayage, le Tiguan ne proposant d’ailleurs que cette configuration en TDI 190, à la différence d’un Kuga dont le TDCi 180 ch est aussi proposé en association avec six vitesses manuelles.
Léger avantage au VW face au chrono
Revendiquant 10 ch supplémentaires, le 4x4 allemand se montre plus performant sans pour autant en tirer un avantage significatif, sauf peut-être en vitesse de pointe — mais cela a-t-il vraiment de l’importance aujourd’hui ? Nous avions d’ailleurs déjà mesuré il y a quelques mois un modèle équivalent mais chaussé d’origine en 18’’ qui s’était révélé un peu plus véloce. Une fois encore, la preuve est faite que des roues trop grandes, auxquelles on ne peut cependant pas retirer l’attrait esthétique, pénalisent les mesures, principalement sur la mise en action. Cela permet ainsi au Ford de faire jeu égal sur les premières centaines de mètres. Ses relances souffrent, quant à elles, de la gestion moins réactive de sa boîte PowerShift qui ne se simplifie déjà pas les choses en ne
comptant que six rapports. Une petite lacune dans laquelle on trouve certainement une partie de l’explication au sujet de l’écart important enregistré en consommation. Car, si notre Tiguan TDI 190 revendique déjà un bien moindre appétit, il affiche pourtant 0,4 l en moyenne de plus que son homologue précédemment mesuré en pneus de série. Voila qui porte la différence à un bon litre aux 100 km avec une monte comparable. Un gouffre qu’on ne peut pas mettre sur le seul compte de l’excellente DSG7 et qui invite à mesurer au plus vite un Kuga TDCi 180 ch en boîte mécanique pour définir avec certitude la cause de ce manque cruel de sobriété.
Agréables en toutes circonstances
Pas de quoi entamer cependant, l’agrément ressenti au volant de ce Ford dont on apprécie le confort de suspensions, offrant également un comportement rigoureux mais pas sportives pour un sou. Un parti pris des ingénieurs de la marque à l’ovale, puisqu’il existe désormais dans la gamme une version ST-Line se singularisant par ses trains roulants revus en profondeur pour offrir un supplément de dynamisme. Justement ce qui caractérise la tenue de route d’un VW impérial sur le point. Cette nouvelle plate-forme, partagée avec d’autres SUV du groupe, est vraiment une belle
réussite comme le démontrent des jantes 20’’ optionnelles parfaitement digérées, principalement en amortissement sur les irrégularités de la chaussée, véritable juge de paix en la matière. Ces tout-chemin s’avèrent d’autant plus convaincants à l’usage qu’ils disposent d’une belle habitabilité. Spacieux, ils se préoccupent du bien-être de leurs passagers en multipliant les petites attentions, à l’image des sièges avant chauffants à réglages électriques côté conducteur, de dossiers arrière réglables en inclinaison ou de la présence de tablettes type aviation. Le Tiguan y ajoute, toujours de série, une banquette coulissante offrant de multiples configurations, afin de privilégier l’installation de ses occupants ou au contraire le volume de chargement. Pourtant, de nos protagonistes, ce n’est certainement pas celui qui en a le plus besoin à la vue de la générosité d’un coffre auquel un plancher amovible ajoute encore de la contenance. En comparaison, celui du Kuga fait bien pâle figure puisqu’en l’espèce il ne peut même pas compter sur un compartiment inférieur occupé par la roue galette optionnelle. Avec 50% de volume en plus pour les bagages, le VW l’emporte donc haut la main, d’autant qu’il bénéficie lui aussi en série d’un hayon électrique mains-libres. Le type de commodité qui donne parfaitement le ton en matière de dotation.
Listes d’équipements à rallonge
Il serait bien malvenu de faire la fine bouche avec ces deux luxueuses configurations dotées d’origine de l’in-
térieur cuir, d’une installation multimédia dernier cri incluant évidemment une navigation ainsi qu’une connexion internet, d’un système sans clé ou des rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement. Et ce n’est qu’un début pour le Tiguan Carat Exclusive, une nouvelle dénomination — sans aucune modification mais faisant « plus riche » — pour l’ex-finition Carat Edition. En effet, on y recense aussi un toit ouvrant panoramique, le régulateur de vitesse adaptatif ou plusieurs aides électroniques à la conduite en sus. Quelques suppléments dont ce Ford Vignale n’a pourtant vraiment pas à rougir puisqu’il les propose en option sans entamer véritablement l’avantage prix qu’il peut fièrement mettre en avant. Car, la seconde génération de ce Volkswagen, en se voulant plus premium, n’a pas oublié de mettre sa grille de tarifs au diapason. Particulièrement cher, il devient difficile de justifier sur la seule différence de dotation un tel écart, qui augmente encore un peu quand on y inclut un malus très défavorable au Volkswagen. Ce dernier a heureusement pour lui de proposer des aptitudes en dehors de l’asphalte autrement plus convaincantes. Des atouts qui ne trouvent pas leur source dans un schéma de transmission différent car le Tiguan se trouve bien à la limite de la ligne de séparation entre permanent et semi-permanent. En effet, si le Kuga répond bien à la seconde catégorie en ne sollicitant, à vitesse constante en ligne droite et dans des conditions normales, que ses seules roues directrices, le VW n’en est pas très loin puisqu’il renvoie sur son essieu postérieur seulement quelques
pour-cent de couple en pareille situation. Nous sommes donc en présence de deux transmissions 4x4 sollicitant très majoritairement leurs trains avant et se reposant sur un calculateur pour, au travers d’un viscocoupleur central, modifier automatiquement en fonc- tion des circonstances la répartition jusqu’à 50/50.
Tiguan sur mesure en TT
C’est donc en matière de gestion que se fait la différence.Se préoccupant fort peu de ses capacités tout-terrain, le Kuga ne bénéficie d’aucune assistance spécifique.Tout juste peut-on compter sur une aide au démarrage en côte, pas de quoi s’aventurer bien loin en dehors des sentiers battus malgré une garde au sol des plus cor-
rectes. Culminant, lui aussi, à 200 mm du sol, là s’arrête néanmoins la comparaison avec un Volkswagen qui revendique fièrement son statut de tout-chemin grâce à sa molette « magique ». Cette dernière propose trois modes destinés aux conditions difficiles dont la programmation consiste à adopter la configuration technique la plus adéquate à la neige ou au tout-terrain. De nombreux points sont ainsi adaptés à la surface empruntée, l’écran central affichant les modifications effectuées. Un réca- pitulatif qu’il devient même possible de personnaliser en Offroad Individual, une nouveauté ! En outre, le Tiguan profite d’un rassurant contrôle de vitesse en descente entrant en action automatiquement avec ces trois modes dans les déclivités supérieures
à 10 %. Sa large plage d’utilisation permet également de coller au mieux au potentiel d’adhérence afin d’évoluer en toute sérénité... même avec les « taille basse » de notre modèle d’essai qui ne sont vraiment pas fait pour arranger les choses.
A vouloir voler plus haut au côté des premiums, le Kuga et le Tiguan ne se sont-ils pas brûlé les ailes ? En effet, même en recevant la prestigieuse signature Vignale, ce Ford ne réussit pas parfaitement une métamorphose imposant de débourser près de 45 000 € avec le minimum d’options indispensables. Encore plus onéreux, ce pourtant très convaincant Volkswagen entre, quant à lui, en concurrence directe avec des modèles au logo véritablement haut de gamme. Telle est la dure réalité d’un marché dans lequel il est bien difficile de bousculer les valeurs établies.