4x4 Magazine

Jeep Wrangler Unlimited vs Toyota Land Cruiser Avecou sans passion

Toujours aussi efficaces sur la neige, les authentiqu­es tout-terrain passent partout. En revanche, entre un Jeep Wrangler Unlimited et un Toyota Land Cruiser, deux philosophi­es bien distinctes s’opposent. L’Américain est turbulent, exubérant et récréatif

- Christophe Harmand, photos Alexandre Krassovsky.

Ils ont en commun d’être discriminé­s fiscalemen­t, évidemment, avec un malus de 10 500 €, mais surtout idéologiqu­ement. A l’heure où notre société devient sectaire, nos deux 4x4 sont pourtant géniaux et même indispensa­bles pour ceux qui ne roulent jamais très loin de la neige, poudreuse ou non, mais aussi qui tractent, qui grimpent, qui transporte­nt. Nos deux protagonis­tes sont également deux évolutions ultimes de légendes vivantes et mondiales bien connues.Au petit jeu patrimonia­l, égalité : notre Jeep Wrangler Unlimited est la première refonte technique de ce 4x4 5 portes apparu en 2006 avec des origines en 1941. Toyota inaugure le premier Land Cruiser à peine dix ans plus tard (1951) et poursuit son développem­ent par l’ajout d’équipement­s et la mise en conformité réglementa­ire ; notre LC actuel date pour l’essentiel de 2009 et constitue la neuvième génération. Bref, nos 4x4 semblent avoir été toujours là. Dans le détail, ils ne refusent pas la modernité, mais chacun à sa manière, assez loin des préoccupat­ions ultra-normées du Vieux Continent, il faut bien le dire et c’est ça qui est bien. Le plus dépaysant est le Jeep, sa présentati­on reste atypique et personnell­e. Depuis 2018, sa carrosseri­e est toute nouvelle en galbant légèrement ses formes rectiligne­s. Visuelleme­nt, l’ensemble est beaucoup plus

musclé, mais aussi très proche de l’ancienne génération. La nouveauté est donc surtout à trouver avec des phares et feux LED et surtout sous le capot avec un nouveau bloc diesel MultiJet de 2,2 litres en lieu et place de l’ancien 2,8 litres. Malgré cette carrure plus petite, le niveau de puissance à 200 ch est préservé. Même si ce n’est pas à l’ordre du jour dans ce face-à-face à la neige, en essence, c’est un 2 litres turbo qui se substitue au V6 de 3,6 litres, qui avait le mérite de donner de la voix, sur l’ancienne génération. Seule la boîte automatiqu­e est désormais possible, une bonne chose en fait grâce à ses huit rapports et à sa modernité. D’ailleurs la transmissi­on évolue aussi avec un mode permanent pour la route qui donne au Wrangler une fonction plus routière, mais dans la limite offerte par ses deux ponts rigides. Le mode 4x2 reste aussi disponible : pas mal ! La fiche technique du Land Cruiser apparaît sur le papier plus sophistiqu­ée bien que plus ancienne. Le Toyota dispose bien évidemment également d’un châssis séparé, mais aussi d’une suspension avant indépendan­te, alors que sa boîte automatiqu­e à six rapports est encore en option (2 000 €). Au fonctionne­ment simpliste, cette dernière présente un glissement important qui appartient à un autre âge. Ne cherchez pas de version essence : elle existe, mais n’est pas importée en France.

Un Land Cruiser plus consensuel

Si le Toyota est une vielle connaissan­ce qui approche maintenant une décen- nie d’existence au catalogue, son moteur apparaît sur le papier d’une ancienne conception. Le D4-D affiche 177 ch avec une cylindrée de 2 755 cm3 et du côté de sa transmis-

sion, elle est permanente. Dès les premiers kilomètres pourtant notre Toyota cache très bien le poids des années. Plutôt confortabl­e, il se conduit sur route assez facilement et dans un confort plutôt recommanda­ble. Évidemment, il n’aime pas trop être brusqué alors que les grands débattemen­ts de suspension­s et la direction très démultipli­ée sont ceux des authentiqu­es franchiseu­rs et ne sont pas sans un certain charme désuet. A l’usage, notre Land Cruiser D4D semble capable de faire face à tout, et puis c’est aussi une navette long-courrier capable de traverser les continents confortabl­ement n’importe quand et sur n’importe quelle surface.A la rédaction, tout le monde garde un très bon souvenir d’un Land Cruiser taillant sereinemen­t les « miles » sur une piste perdue. Les routes françaises se montrent peu réjouissan­tes jusqu’à l’approche de la neige.Tout de suite, les pneumatiqu­es ne sont pas les plus rassurants, surtout avec un poids de 2 300 kilos qu’il convient de toujours prendre en considérat­ion. Mais notre Toyota parvient toujours à ses fins en utilisant sa technologi­e, à l’image de son système de traction MTS ou de son Crawl qui permet de programmer une vitesse de progressio­n et de se concentrer sur le volant et les trajectoir­es. Le blocage de différenti­el central est enfin une aide précieuse sur la neige fraîche.

Deux monstres sacrés du tout-terrain sur la neige

En passant au Wrangler, l’arrivée de la neige est encore plus réjouissan­te, les pneumatiqu­es d’origine sont plus convaincan­ts alors que le blocage du différenti­el central intégré au levier du sélecteur de gamme courte permet justement d’enlever ce blocage pour les manoeuvres, un petit détail qui fait la différence, surtout que le Wrangler n’est pas un exemple de vision facile vers l’extérieur, et notamment l’arrière. Le nouveau Wrangler adopte bien la caméra de recul, qui s’intègre au support de la roue de secours. Elle se montre assez performant­e pour permettre une bonne vision, mais elle est également exposée aux projection­s et régulièrem­ent inutilisab­le sur une route salée par exemple. En revanche, la puissance des sièges et volant chauffants, qui plus est programmab­les automatiqu­ement à la mise en route par exemple, est un atout pour les grands froids. Authentiqu­e tout-terrain, le Wrangler étale ses compétence­s sur la neige sans problème, il passe en profitant de son poids réduit par rapport au Toyota, mais apparaît aussi plus moderne grâce à sa direction plus directe et précise. Tout serait parfait si son contrôle en descente n’était pas réservé à la gamme courte et pour des

vitesses comprises entre 1 et 8 km/h, un défaut d’autant plus flagrant en montagne et sur la neige où les petites pentes sont parfois piégeuses. Bien évidemment, pour ceux qui veulent aller encore plus loin en tout-terrain, il faudra passer par la version Rubicon avec ses blocages avant et arrière, ses ponts renforcés, sa réduction plus courte, mais aussi ses pneus spécifique­s.

Le Wrangler cultive la différence

Si le Jeep est très efficace, il est aussi fantastiqu­ement dépaysant ; à son volant, la perspectiv­e est unique avec ce capot et ses ailes plates typiques. Dans le même temps, il faut reconnaîtr­e que l’espace est plutôt mesuré surtout face au Toyota et a imposé des petites bizarrerie­s ergonomiqu­es, à l’image des commandes de vitres électrique­s sur le tableau de bord, placées ici à l’évidence faute de place ailleurs. Rouler en Wrangler vous donne l’impression d’être encapsulé, il faut aimer. Sur la route, néanmoins, son confort est globalemen­t préservé malgré la présence des deux ponts rigides, la seule critique concerne le niveau sonore sur autoroute, un peu bourdonnan­t et en provenance de son aérodynami­sme de téléphériq­ue.Vous dépassez les 72 dB à 130 km/h, quand le vaisseau Toyota chuchote à 69 dB. Le Wrangler possède aussi une exclusivit­é avec sa fonction cabriolet offerte par ses deux demi-toits démontable­s au niveau des places avant et son gros hard-top à l’arrière, prévoyez d’être deux ou trois pour sa dépose, mais voici un atout pour plus tard, à la belle saison.Vous l’avez compris, le Jeep est un engin de loisir qui offre de multiples possibilit­és, parfois interdites sur les routes en France, comme celle de pouvoir démonter ses portes. La finition est en rapport avec cette fonction loisir : il ne faut pas trop regarder dans les détails. Sur le Toyota, la présentati­on est plus cossue, mais cache difficilem­ent le poids des années avec une planche de bord sans charme.

Un Land Cruiser plus sérieux

Si la neige ne départage pas réellement nos 4x4, il faut reconnaîtr­e que les performanc­es ont clairement choisi leur camp. Plus moderne, plus puissant de 23 ch, le Jeep donne une petite leçon à son confrère. Sur l’exer-

cice ultra-consensuel des 80 à 120 km/h, au coeur de l’utilisatio­n quotidienn­e, l’Américain demande moins de huit secondes quand le Japonais réalise l’exercice en plus de douze et ne se sépare pas d’une impression de mollesse en pratique. En plus de cet avantage, le Wrangler grâce à sa modernité apparaît aussi moins gourmand avec une moyenne pendant notre essai de 10,2 l/100 qui prend là aussi l’avantage sur les 11,5 litres de son concurrent. Les gros réservoirs dans les deux cas offrent des autonomies respectabl­es. Reste l’aspect financier pour départager nos concurrent­s. Dans les deux cas, les tarifs proposés sont assez conséquent­s pour ne pas trouver de justificat­ion immédiate, si ce n’est justement de répondre à une demande de confidenti­alité et d’exclusivit­é qui en devient un atout. Néanmoins, et en toute logique par son positionne­ment le Jeep, en finition Overland, s’affiche à 58 050 € quand le Land Cruiser, avec sa finition haut de gamme Lounge Pack, est encore beaucoup plus cher, à 68 500 €, et avant de parler d’un malus commun aux deux à 10 500 €. Le niveau d’équipement, bien que différent avec un peu plus d’aides à la conduite pour le Land Cruiser reste

assez complet. En résumé, il ne manque rien d’indispensa­ble dans les deux cas.

A l’heure du choix, il n’y a aucune ambiguïté, la neige n’ayant pas permis de départager deux engins incroyable­ment efficaces. Nos légendes vivantes du 4x4 sont finalement recommanda­bles, mais attention, chacun dans son camp. Le Jeep offre une incroyable personnali­té et apparaît beaucoup plus amusant, il incarne toutes les facettes du tout-terrain pour le loisir. Le Land Cruiser pour sa part apparaît austère, voyageur spacieux, des qualités qui ne sont pas négligeabl­es non plus pour certains.

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 ??  ?? Authentiqu­e franchiseu­r, le Wrangler est sur la neige parfaiteme­nt dans son élément, en profitant de ses deux ponts rigides notamment.
Authentiqu­e franchiseu­r, le Wrangler est sur la neige parfaiteme­nt dans son élément, en profitant de ses deux ponts rigides notamment.
 ??  ?? Le Toyota, avec sa débauche d’aides à la conduite toutterrai­n, affronte lui aussi la neige sans la moindre hésitation. Il se montre également toujours confortabl­e.
Le Toyota, avec sa débauche d’aides à la conduite toutterrai­n, affronte lui aussi la neige sans la moindre hésitation. Il se montre également toujours confortabl­e.
 ??  ?? L’espace à bord du Jeep est particuliè­rement mesuré, mais la planche de bord offre une présentati­on agréable, surtout avec la finition Overland plus cossue.
L’espace à bord du Jeep est particuliè­rement mesuré, mais la planche de bord offre une présentati­on agréable, surtout avec la finition Overland plus cossue.
 ??  ?? Voyager avec un Wrangler est possible, mais l’espace tout comme l’accès à bord n’est pas le point fort du Jeep.
Voyager avec un Wrangler est possible, mais l’espace tout comme l’accès à bord n’est pas le point fort du Jeep.
 ??  ?? Assez impersonne­lle, la présentati­on intérieure du Land Cruiser reste néanmoins de belle facture avec la finition haut de gamme Lounge Pack.
Assez impersonne­lle, la présentati­on intérieure du Land Cruiser reste néanmoins de belle facture avec la finition haut de gamme Lounge Pack.
 ??  ?? Véritable vaisseau, le Land Cruiser offre un bel espace pour les passagers arrière et un vrai confort pour les longs voyages.
Véritable vaisseau, le Land Cruiser offre un bel espace pour les passagers arrière et un vrai confort pour les longs voyages.
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 ??  ?? L’atout du Wrangler Unlimited est d’être cabriolet avec ses demi-toits à l’avant qui se déposent en dix secondes et son hard-top à l’arrière également démontable.
L’atout du Wrangler Unlimited est d’être cabriolet avec ses demi-toits à l’avant qui se déposent en dix secondes et son hard-top à l’arrière également démontable.
 ??  ?? Nettement plus habitable, le Land Cruiser se décline aussi en version 7 places, ce qui permet une utilisatio­n nettement plus familiale.
Nettement plus habitable, le Land Cruiser se décline aussi en version 7 places, ce qui permet une utilisatio­n nettement plus familiale.

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