Dacia Duster Blue dCi 115 4x4 vs Ford EcoSport 1.5 EcoBlue 125 ch 4x4
Trajectoires divergentes
Ford fait enfin son apparition dans le segment des petits 4x4 « abordables »
Contrairement à un Duster commercialisé en quatre roues motrices depuis son lancement dans nos contrées, l’EcoSport en Europe n’a eu droit à sa version 4x4 qu’avec le restyling du millésime 2018. Ce Ford existait bien avec une motorisation essence en transmission intégrale précédemment, mais n’a jamais été importé. C’est en turbodiesel qu’il apparaît aujourd’hui, le 1.5 EcoBlue revendiquant 125 ch ayant été retenu pour le propulser. Le « bleu » a d’ailleurs manifestement la cote actuellement chez les TD, puisque Dacia dénomme aussi Blue dCi sa dernière évolution, forte de 115 ch. Outre des caractéristiques techniques approchantes qui incluent l’association avec une boîte 6 manuelle exclusivement, nos protagonistes du jour partagent les mêmes origines roturières. Au départ, ils n’auraient jamais dû se retrouver sur nos routes, leurs cahiers des charges les cantonnant aux marchés low cost. Mais le succès de l’aventure Dacia étant passé par là, Ford a emboîté le pas. Pourtant, s’il paraît de ce fait naturel de les oppo
ser, leurs positionnement tarifaires respectifs laissent pantois. Comment peut-on arriver à une telle différence de prix pour deux modèles fruits de la même genèse ? En effet, l’écart de prix « catalogue » pour ces deux versions supérieures dépasse les 7 000 €! Premier réflexe, comparer leurs dotations. Si le Ford se distingue en proposant en série un système sans clé et les rétroviseurs extérieurs rabattables électriquement, on reste bien loin du compte, d’autant qu’en Prestige, le Duster offre, lui, d’origine la caméra de recul et les vitres arrière surteintées ! Et la différence croît encore entre ces modèles d’essai, notre EcoSport s’équipant d’un toit ouvrant, indisponible chez son concurrent, ou de jantes optionnelles en 18’’, de quoi renforcer la sportivité d’une finition ST-Line proposée pour la première fois.
Le sport plus cher que le baroud
Comme deuxième axe de recherche d’explication, on peut se pencher cette fois sur leurs présentations. Jus
L’EcoSport tente de se différencier du Duster par la sportivité : mauvaise pioche !
tement, nous venons de l’évoquer, ce Ford se décline désormais également dans une configuration à tendance sportive, à l’extérieur comme à l’intérieur, avec son kit carrosserie, une calandre spécifique ou un pédalier alu. Des évolutions essentiellement esthétiques par rapport à l’autre finition disponible en 4x4, mais manifestement onéreuses, car à un niveau d’équipement de confort et de sécurité identique, un EcoSport Titanium s’affiche 1 300 € moins cher. Et que dire alors d’un Duster qui ajoute pourtant à son côté baroudeur un zeste d’élégance en Prestige, grâce à ses protections inférieures couleur aluminium ou des jantes agrandies à 17’’, tout en conservant un tarif très attractif. Un coup d’oeil à bord ne révèle pas non plus de différences significatives, la planche de bord mieux finie du Ford ne se «confirmant» pas dans le reste d’un habitacle constitué de matériaux bien peu valorisants. L’intérieur du Dacia, en net progrès sur cette seconde génération, se montre plus homogène en termes d’aspect et tout aussi bien équipé d’origine avec sa climatisation automatique, quatre vitres électriques ou son installation multimédia dotée d’un système de navigation. En outre, son habitabilité apparaît supérieure, confirmation logique de gabarits différents.
Boîte courte ou boîte longue
Le verdict du chronomètre donne enfin un avantage manifeste en vitesse de pointe comme en accélérations à l’EcoSport, qui profite des 125 ch de son 1.5 EcoBlue pour distancer un Duster qui en revendique dix de moins sur la nouvelle déclinaison de son turbodiesel. Egalement moins coupleux, le Blue dCi se montre, par
contre, étonnamment plus prompt à la relance. Il le doit uniquement à sa démultiplication finale très courte, comme le démontre une mesure de reprise impossible à réaliser en quatrième jusqu’à 120 km/h, le moteur régulant avant d’atteindre cette vitesse. Une caractéristique d’autant plus criante que le Ford, de son côté, se distingue par la longueur de ses rapports, à l’image d’une vitesse maximum obtenue en cinquième, une rareté sur un diesel. Un contraste saisissant et pourtant, sur route, on reste sur sa faim dans les deux cas, en hésitant souvent entre deux rapports sur le Duster, alors qu’il faut rétrograder plus que de raison avec l’EcoSport. Si ce dernier rate, qui plus est, l’objectif fixé en ne se montrant pas particulièrement sobre, le Dacia dont la nouvelle motorisation abaisse, pour sa part, nettement les consommations, tire merveilleusement profit de sa boîte courte dès qu’il s’agit de s’éloigner de l’asphalte. Sans se prendre pour un authentique franchisseur, il se montre néanmoins bien plus efficace qu’un simple tout-chemin.
Un Duster meilleur en TT et plus confortable
Pour ce faire, il s’appuie aussi sur un blocage de répartition centrale effectif jusqu’à 40 km/h, des pneumatiques M+S, une garde au sol intéressante et, nouveau venu, un contrôle de vitesse en descente qui gagnerait cependant, sans même être ajustable, à maintenir
automatiquement une allure plus basse que les 8/9 km/h actuels dans les déclivités très glissantes. Un ensemble plein de promesses qui permet d’effacer déjà de nombreuses difficultés. Rien de tout cela dans un EcoSport 4x4 posé à moins de 170 mm du bitume sur une suspension raffermie en ST-Line. Peu enclin à la base à s’aventurer en dehors des sentiers battus, en l’absence de tout équipement spécifique ou d’un mode de gestion off-road de sa chaîne cinématique, ce Ford souffre aussi au quotidien de la sécheresse de son amortissement dès que le revêtement se dégrade. Dommage, car s’il ne distille toujours pas un comportement routier véritablement efficace, il se montre par contre plus silencieux que le Duster, malgré les efforts de Dacia pour améliorer l’insonorisation et mieux filtrer les vibrations. Ses dimensions lui interdisent aussi de se battre à armes égales dans le cadre d’une utilisation familiale, par la faute de places arrière exiguës comme d’un coffre moins volumineux et pratique à l’usage. Pas toujours très facile d’accès avec sa porte à ouverture latérale, ce n’est pas un plancher à la hauteur réglable en trois positions qui va changer véritablement la donne. L’EcoSport 4x4 s’avère définitivement trop petit et onéreux pour venir se frotter aux multiples atouts développés par le Duster. De plus, doit-il forcément jouer une carte très différenciante en revêtant la panoplie sportive d’un ST-Line où, au contraire, appuyer l’arrivée de
sa transmission intégrale en conservant sa configuration d’origine et même grossir le trait grâce à sa roue de secours extérieure optionnelle ? Nous optons pour la seconde solution car il renforce ainsi son caractère 4x4, justifie la présence d’une porte de coffre et assouplit une suspension qui profite aussi des flancs plus hauts de pneumatiques redescendus en 16’’. Tout bénéfice puisque le prix se fait également plus doux.
Le Duster 4x4 assomme la concurrence de son imbattable rapport prix/prestations. Associant désormais une transmission intégrale à un moderne turbodiesel, la dernière génération de l’EcoSport en est une nouvelle victime.