Chapitre III

Au grand étonnement d'Abdoul, Coco courait plus vite que lui, sautait plus que lui et pensait plus vite que lui. Mais Abdoul jouissait d'un avantage. Il connaissait le terrain et connaissait ses amis. Cela a été un grand avantage. Le jeu consistait à atteindre le sommet d'une colline en premier. Ils ont tendu des pièges qui ont prêté à confusion aux autres enfants et avant même qu'ils ne se rendent compte, Abdoul, Coco et Abdoulá étaient déjà arrivés. Ils ont ri, sauté et se sont embrassés. Ils avaient gagné !

Abdoulá a couru en bas la colline car il s'est souvenu qu'il devait aller chercher du poisson avec sa mère. Coco et Abdoul sont restés en haut de la colline en attendant les autres. Abdoul a dit à Coco:

- Pourrais-tu descendre et remonter la colline en courant si je te le demandais?

Coco lui a posé cette question avec curiosité:

-Pourquoi me demandes-tu ça? -Mais le ferais-tu? – a-t-il encore demandé.

-Tu viendrais avec moi ? -demanda Coco, en le regardant dans les yeux. Abdoul est resté silencieux. Personne ne lui avait jamais dit non auparavant. Ce n'était pas un "non", mais ce n'était quand même pas un "oui" :

-Tu obtiens toujours ce que tu désires ?

Abdoul n'a toujours pas répondu. Il souhaitait voir Coco descendre et monter la colline pour... il ne savait pas pourquoi... Ce dont il était sûr, c'est qu'il descendrait et monterait avec elle... si elle le lui demandait...

Coco a dit : -Donne-moi ta main.

Abdoul a tendu la main. -Et maintenant, ferme les yeux.

Abdoul a obéi. -Que vois-tu ? a-t-elle demandé.

Abdoul s'est vu lui-même comme un adulte. Il était debout. On dirait qu'il allait parler à une foule. Il portait un élégant costume bleu marine, une chemise bleue à fines rayures blanches, une cravate rose à rayures bleus et des chaussures en daim marron. Il a consulté la montre. La montre avait un cadran violet, un bracelet marron et des aiguilles argentées. Le moment de parler était arrivé. Son coeur a commencé à battre très vite. Lorsqu'il a ouvert les yeux, il était seul au sommet de la colline, assis dans un cercle de pierres qu'il avait apparemment fabriqué. C'était bizarre car il n'y avait pas de pierres dans cette zone-là...

La nuit était tombée et tout le monde le cherchait en ville. Abdoulá s'est souvenu qu'il l ́avait quitté en haut de la colline. Quand ils l'ont trouvé assis en tailleur et regardant au loin, Abdoul a demandé :

-Où est Coco ?

Le père d'Abdoul l'a embrassé et lui a dit:

-Tu nous as effrayés ! On te cherchait depuis des heures ! Ça va ? Qui est Coco?

-Et bien, qui ça va être! La fille du chef de l'expédition des blancs.

-Quelle expédition ? -Quels blancs ?

Abdoul s'est levé, a embrassé à son tour son père, et est resté calme, en pensant :

La lune est vraiment venue me rendre visite.