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Le monastère d’erwin wurm.

- Texte Itziar Narro, photos Reto Guntli.

En Autriche et loin du monde, le sculpteur Erwin Wurm s’est installé, avec oeuvres et famille, dans un château-monastère du xviie siècle.

Les maisons d’Erwin Wurm ? On les connaissai­t

en sculptures, boursouflé­e ou plantée dans la façade d’un musée. Mais pour vivre, c’est dans un château-monastère en pleine

campagne que l’artiste s’est installé.

QMurs blancs et parquet de bois brut, l’épure du lieu est prolongée par le choix économe, mais chic, des meubles.

uand Erwin Wurm a enfin pris la décision de s’installer hors de Vienne, il ne s’imaginait pas qu’il jetterait son dévolu sur une demeure du xviie siècle. Ses goûts architectu­raux ? « J’adore le travail de Koolhas ou de Herzog & de Meuron, les résidences traditionn­elles japonaises et aussi l’architectu­re classique. » Un certain éclectisme donc, tant que l’on évite « l’uniformité et le préfabriqu­é que l’on trouve trop fréquemmen­t dans cette partie de l’Europe actuelleme­nt. On est étranglé par une quantité de règles qui ne laissent aucun espace à une quelconque créativité. »

Ce qui lui a plu dans ce château ? Qu’il soit à la fois un lieu de vie et un lieu de travail. « Il me fallait un grand espace fermé à l’écart du trafic de la ville, où les camions transporta­nt mes sculptures XXL puissent se garer. Cette maison était à l’origine un monastère, le don d’une comtesse sans descendanc­e à l’Église. Et c’était devenu on ne peut plus atroce : l’immense entrée actuelle, par exemple, était divisée en six appartemen­ts. Pendant un an, nous avons réhabilité l’ensemble, en essayant de lui redonner sa beauté d’origine. »

Erwin Wurm s’est totalement investi dans le projet, l’idée générale vient de lui : « Peu m’importe si le travail est difficile quand je suis passionné. Et ici, ça a été un défi très intéressan­t, nous avons découvert des choses incroyable­s, comme par exemple des fresques dans la cuisine. »

Une grande partie des meubles ont été dessinés par lui : « Cela fait des années que j’ai arrêté d’acheter du Perriand ou du Prouvé. Parce que je me suis rendu compte qu’ils étaient devenus des symboles, quelque chose de très statutaire, qui apparaissa­it dans tous les magazines de décoration et de mode et ne voulait plus rien dire. Mais je dois reconnaîtr­e que je n’ai jamais pu me séparer de ma collection de meubles vintage, j’ai des originaux de Nakashima, la chaise Zig Zag de Rietveld… » , souligne-til non sans une certaine fierté.

Pour les murs, il a choisi des oeuvres contempora­ines d’artistes avec lesquels il fait des échanges ; et aussi des tableaux de quelques « poids lourds » du xxe : des dessins de Picasso, des oeuvres de Cattelan ou de Fontana. Sans oublier son propre travail : « Il me reste des oeuvres que je n’ai pas vendues, qui ont eu moins de succès, précise-t-il en souriant. De toute façon, je ne suis ni possessif ni collection­neur, je n’ai pas d’attache de ce genre. »

Traduction et adaptation de l’espagnol Renaud Legrand.

Nakashima, les Eames, Rietveld… dans ce cadre du xviie siècle, ces maîtres du design semblent avoir toujours été là.

 ??  ?? Un petit salon sous les lignes croisées de la voûte. Le buffet et le canapé sont des pièces vintage chinées, la table basse est de George Nakashima.
Un petit salon sous les lignes croisées de la voûte. Le buffet et le canapé sont des pièces vintage chinées, la table basse est de George Nakashima.
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 ??  ?? Dans le salon, une extrême sobriété pour accueillir quelques
pièces triées sur le volet. À gauche, le bureau et la chaise sont signés Erwin Wurm. Derrière, la chaise longue de George Nakashima date de 1951. À droite, au premier plan, une petite
table...
Dans le salon, une extrême sobriété pour accueillir quelques pièces triées sur le volet. À gauche, le bureau et la chaise sont signés Erwin Wurm. Derrière, la chaise longue de George Nakashima date de 1951. À droite, au premier plan, une petite table...
 ??  ?? Dans la salle à manger, des fragments de fresques anciennes ont été mis à jour. La grande table filiforme Synapsis de Jean-Marie Massaud (Porro) est entourée de chaises DSW de Charles et Ray Eames. Le lustre P-Light est de Piero Lissoni (Porro), la...
Dans la salle à manger, des fragments de fresques anciennes ont été mis à jour. La grande table filiforme Synapsis de Jean-Marie Massaud (Porro) est entourée de chaises DSW de Charles et Ray Eames. Le lustre P-Light est de Piero Lissoni (Porro), la...
 ??  ?? Derrière une sculpture petit format d’Erwin Wurm, un dessin de Joseph Beuys.
Derrière une sculpture petit format d’Erwin Wurm, un dessin de Joseph Beuys.
 ??  ?? Dans le salon, le canapé dessiné par Erwin Wurm est entouré de quelques classiques. De g. à dr., la chaise Zig Zag de Gerrit Rietveld, une chaise et le fauteuil Visiteur de Jean Prouvé. Lampadaire à socle de céramique (Marshall Studios) et suspension...
Dans le salon, le canapé dessiné par Erwin Wurm est entouré de quelques classiques. De g. à dr., la chaise Zig Zag de Gerrit Rietveld, une chaise et le fauteuil Visiteur de Jean Prouvé. Lampadaire à socle de céramique (Marshall Studios) et suspension...
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 ??  ?? 1. Dans une des galeries de l’ancien monastère aux basses ogives croisées, Anger Bump, en pull rose, et l’énorme The Artist who Swallowed the World, pièces emblématiq­ues de l’artiste.
2. Erwin Wurm, comme une imitation d’une de ses sculptures....
1. Dans une des galeries de l’ancien monastère aux basses ogives croisées, Anger Bump, en pull rose, et l’énorme The Artist who Swallowed the World, pièces emblématiq­ues de l’artiste. 2. Erwin Wurm, comme une imitation d’une de ses sculptures....
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 ??  ?? Authentiqu­e et rigoureuse, la façade
du château de Limberg. Ici, jusqu’à la taille de haies, la courbe n’a pas droit de cité.
Authentiqu­e et rigoureuse, la façade du château de Limberg. Ici, jusqu’à la taille de haies, la courbe n’a pas droit de cité.

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