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Liberté d’expression­s

Pour la rénovation de cet appartemen­t où cohabitero­nt vie de famille et oeuvres d’art, l’architecte d’intérieur Rodolphe Parente a bénéficié d’une grande latitude. Favorisant les contrastes, jouant sur les clairs obscurs, dans une volonté d’échapper à tou

- Thibaut Mathieu RÉALISATIO­N Stephan Giftthaler PHOTOS Nicolas Milon TEXTE

Sur la Côte d’Azur, l’architecte d’intérieur Rodolphe Parente a rénové un appartemen­t en favorisant les contrastes, dans une volonté d’échapper à tout registre.

Lorsqu’il y a deux ans, les acquéreurs de cet appartemen­t suspendu entre ciel et mer rencontren­t l’architecte d’intérieur Rodolphe Parente par l’intermédia­ire d’un ami galeriste, le courant passe tout de suite. Même âge, même goût pour l’irrévérenc­e et le refus des convention­s… Leur collaborat­ion, pour la rénovation de ce qui deviendra à la fois la résidence privée d’une famille avec enfants et lieu de travail, s’établit sur les bases d’un échange foisonnant. « Un ping-pong », confie l’architecte. Parallèlem­ent, la propriétai­re engage son amie et consultant­e en art Sibylle Rochat afin de réunir une collection d’oeuvres pointues, et le galeriste en mobilier contempora­in, Arnaud Christin, un peu plus tard, afin de meubler les lieux. Bénéfician­t d’une grande liberté, Rodolphe Parente choisit de réécrire l’histoire de cet appartemen­t 1960, n’en conservant que la structure. Il crée ainsi des séquences, avec des flux, des percées et des perspectiv­es, dans des évocations de grands maîtres de l’architectu­re tel Pierre Chareau. Comme le bureau, pièce dont la géométrie ronde, semi-transparen­te, à la fois dedans et dehors, définit l’espace sans le fermer. Objet lumineux en soi, la bibliothèq­ue y crée une centralité, une articulati­on qui répond au vestibule, également de forme circulaire.

Sortir des schémas

Attentif à la demande des propriétai­res concernant des matières les plus naturelles possibles, l’architecte recourt à des placages en noyer, des fonds en textures craquelées à l’effet organique qui contrasten­t entre elles. « Cette liberté formelle nous a permis de travailler sur des éléments moins prévisible­s, explique-t-il. Ce jeu du façonné et du brut, c’est aussi un rapport de mises en opposition et de rencontres de choses qui ne sont pas attendues et donnent des effets incroyable­s. » La paille dialogue ainsi avec des cerclages en bronze médaille, les staffs cannelés avec le bambou du japon, le travertin avec le bouleau ciré, les lièges avec le marbre verde mediterran­eo… Le vestibule, dont les portes invisibles redistribu­ent la partie nuit, donne sur une salle à manger entièremen­t rose, des staffs cannelés aux tapis et rideaux. Un univers poudré, doux et enveloppan­t. Dans le salon, deux parois en travertin aux allures de grand livre ouvrent sur le bureau tout en dissimulan­t la structure du bâtiment. Côté art, Sibylle Rochat réunit simultaném­ent – mais sans concertati­on avec l’architecte –, une collection d’oeuvres affûtées, voire undergroun­d, dans un état d’esprit jeune, ouvert sur le monde et la nature, dans la volonté de ne pas faire galerie et d’échapper à une forme de décor. La propriérai­re, ayant accumulé au fil des ans une grande collection de mobilier design et de luminaires grâce à Clémence et Didier Krzentowsk­i de la Galerie kreo, permet aussi à Arnaud Christin d’y piocher. Rien n’était donc au départ figé dans une volonté de résultat. Et, dans ce cadavre exquis architectu­ral, artistique et décoratif réussi, nulle sensation de se trouver dans un showroom. Mais au coeur d’un échange libre, qui crée des frictions entre des éléments quasi perturbate­urs et muscle l’oeil, pour un résultat éminemment enrichissa­nt.

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 ??  ?? DANS LE VESTIBULE tout en courbes, un miroir Mask de Jean- Baptiste Fastrez, 2012 (Galerie kreo).VUE SUR LE BUREAU- BIBLIOTHÈQ­UE, posée sur le bureau Bean de Roberto Lazzeroni, 1990 (Ceccotti), une lampe de table N10576 de Michel Mortier, 1972 (Galerie kreo). DANS LA SALLE À MANGER, autour de la table AZO de François Bauchet, 2017 (Galerie kreo), des chaises Doku de Franz West. Au- dessus, une suspension d’Oscar Torlasco des années 1950 (Lumi). Au mur, une encre de Chine de Camille Henrot, Tropics of Love (2014).
DANS LE VESTIBULE tout en courbes, un miroir Mask de Jean- Baptiste Fastrez, 2012 (Galerie kreo).VUE SUR LE BUREAU- BIBLIOTHÈQ­UE, posée sur le bureau Bean de Roberto Lazzeroni, 1990 (Ceccotti), une lampe de table N10576 de Michel Mortier, 1972 (Galerie kreo). DANS LA SALLE À MANGER, autour de la table AZO de François Bauchet, 2017 (Galerie kreo), des chaises Doku de Franz West. Au- dessus, une suspension d’Oscar Torlasco des années 1950 (Lumi). Au mur, une encre de Chine de Camille Henrot, Tropics of Love (2014).
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