Remix minimal NÉOCLASSIQUE ET VINTAGE
Au coeur de la capitale, le duo de décorateurs Humbert & Poyet conjugue éléments d’architecture très dessinés et mobilier cool dans un appartement familial.
L’endroit est spacieux, 250 m2 répartis sur deux niveaux. La situation au coeur du vieux Marais, sélecte. Le choix des oeuvres signées des plus grands noms de l’art contemporain, avisé. Il émane de cet appartement un luxe certain, mais ce qui séduit de prime abord, c’est son élégante simplicité. « Il s’agit avant tout d’un logement familial dans lequel les enfants jouent et les parents organisent des cocktails, c’est un appartement dédié au quotidien ! », assurent en coeur Emil Humbert et Christophe Poyet, en charge de l’aménagement de ce duplex niché au coeur d’un hôtel particulier du xviie siècle, transformé au xixe en manufacture d’orfèvrerie. « Souhaitant réinsuffler au bâtiment son lustre d’antan, nous avons opté pour une distribution de pièces en enfilade. Nous avons réintroduit des moulures aux murs – mais des staffs au dessin simple –, des doubles portes modernisées par un traitement en bois griffé orné d’applications de laiton doré. » Twistant éléments architecturaux xviiie, graphismes Art déco, chic jet-set seventies et références italiennes fifties, les deux compères inaugurent un néoclassicisme décontracté. « On cherche à définir des lieux élégants mais pas figés, flamboyants et pourtant jamais austères. Nos décors reprennent certes des éléments du passé, mais réinterprétés pour un mode de vie contemporain, facile à vivre. »
Une rencontre créative
Emil Humbert a fait ses classes à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Belleville quand Christophe Poyet est promu de l’Académie Charpentier. En 2007, peu de temps après leurs études, les acolytes fondent l’agence Humbert & Poyet.
« Nous nous sommes rencontrés dans un dîner et avons assez vite décidé de travailler ensemble. Nous n’étions pas amis avant de collaborer, c’est donc une rencontre créative. » Les deux complices avaient en commun de partager leur vie entre Monaco et Paris, Christophe Poyet étant né sur le Rocher, Emil Humbert, Parisien d’origine, partageant sa vie avec un Monégasque. Toujours divisé entre les deux villes,
le duo a désormais implanté des studios de création dans l’une comme dans l’autre. Si l’agence livre aujourd’hui autant de chantiers privés que de projets commerciaux, c’est à travers leurs réalisations pour les restaurants Beefbar, l’hôtel The Hoxton de Paris ou des boutiques comme 55 Croisette à Cannes qu’ils doivent leur fulgurante ascension. « Nous avons fait nos classes dans le commercial, domaine qui s’est révélé être une excellente école car on y apprend à tout dessiner : des assises jusqu’aux assiettes en passant par les cuisines. Dans le retail ou la restauration, il faut être précis jusque dans les moindres détails. Cela nous a guidés dans notre approche des chantiers privés ; on aime appréhender les décors dans leur globalité. »
Qu’il s’agisse du très spectaculaire escalier de terrazzo menant aux chambres situées à l’étage, du dressing, tout en jeux de miroirs, ou du canapé du salon, hormis quelques objets vintage bien choisis, le duo a tout dessiné dans le duplex du Marais.
« On a vraiment pu s’exprimer librement ! »
Emil Humbert et Christophe Poyet éditent depuis peu un élégant mobilier aux accents seventies. « Nous diffusons notre collection en nom propre parce qu’ayant développé de nombreuses pièces pour nos chantiers, nous disposons d’un large catalogue de chaises, lampes, tables… » Des pièces qu’ils déclinent le plus souvent dans des tonalités vives et joyeuses se détachant sur des murs immanquablement blancs. « Le blanc met en valeur oeuvres d’art et mobilier. Sur chacun de nos projets résidentiels nous créons pourtant toujours une pièce colorée ; ici un petit salon de lecture bleu, un endroit confiné où l’on aime se retrouver. » Qu’il s’agisse d’un dessin à la craie de Keith Haring dans l’entrée ou d’une peinture de Bertrand Lavier dans le salon, la sélection des oeuvres importe beaucoup aux décorateurs. « On chine ensemble, on dessine ensemble, on discute ensemble, tout le processus créatif se fait à deux. Nous rebondissons heure par heure, jour par jour, sur chaque chose. Travailler ensemble est une façon de partager notre amitié. »