Birger Kaipiainen, le romantique
Parmi les céramistes scandinaves, c’est un extraterrestre. Fasciné par la Renaissance italienne, obsessionnel de l’ornement, le Finlandais Birger Kaipiainen était mal parti pour devenir une figure des arts décoratifs du XXe siècle. Et pourtant…
Retour sur le travail de ce céramiste finlandais, figure des arts décoratifs du xxe siècle.
Spe aculaires et colorées, ses céramiques émaillées sculpturales, ornées de perles, peuplées de fleurs, de fruits, de feuillages et d’abeilles, ne passent pas inaperçues à la Tefaf Maa richt sur le and de Dansk Møbelkun . Chez le galeri e parisien Eric Philippe, on trouve de grands plats perlés couleur de lave, plus graphiques, où fleurs, baies et arbres se découpent comme des incru ations de nacre. « J’ai découvert son travail il y a une dizaine d’années au Design M eum d’Helsinki, raconte Eric Philippe.
Cela m’a rappelé l’Europe de l’E et l’Europe du Sud. C’e inclassable et c’e ce qui me plaît chez lui. » En Finlande, Birger Kaipiainen (-) e une célébrité. Une rue d’Helsinki porte son nom. Fils d’un employé des chemins de fer, benjamin de sept enfants, c’e lors de ses étés sur les bords du lac Ladoga, chez des amis de ses parents, qu’il découvre les clés de son exi ence: l’art et la nature. À l’école, c’e un cancre. Sa mère le recommande au grand verrier Ar u Brummer, qui le prend sous son aile.
La nature comme inspiration
Diplômé en arts appliqués en , Birger Kaipiainen entre chez Arabia (la grande manufa ure finlandaise de porcelaine) l’année suivante. « J’y ai po sé comme une herbe », raconte-t-il plus tard. Pourtant, il contra e à cee époque la poliomyélite –£qui le laissera handicap飖 et perd son père. Son art lui sert de refuge. Sur ses oeuvres, de longues femmes mélancoliques font leur apparition. On commence à parler de lui. En ¦, il e à Florence, invité par Richard Ginori, la plus ancienne fabrique£
de porcelaine de la ville. C’e là qu’il découvre l’exubérance ornementale sans limites des céramiques du début de la Renaissance. Il commence à élaborer sa technique perlée. Entre et , il travaille pour la manufaure suédoise de Rör rand et voyage à New York. Son répertoire maniéri e se teinte de surréalisme. Sa pale e s’a rme. Il fait partie du cercle d’Armi Ratia, la fondatrice de la marque de textile Marimekko, chef de bande de l’avant-garde arti ique fi nlandaise. Il rencontre chez elle l’économi e Maggi Halonen, qu’il épouse en . En , il gagne le grand prix de la Triennale de Milan avec une in allation: un groupe de grands oiseaux en perles de céramique montées sur fi ls métalliques.
Les sculptures perlées
Pour l’Exposition universelle de Montréal de , il élabore un incroyable décor mural de cygnes et de violees de plus de mètres carrés, qu’on peut voir aujourd’hui à l’hôtel de ville de Tampere. En , il crée un service de table pour Arabia. C’e le modèle Parati i, toujours fabriqué, un grand classique du design finlandais. Sur le marché de l’art, ce sont ses assie es et plats en relief qui remportent tous les su rages. « Ils ont toujours été conç comme des objets de luxe. Réal és entièrement à la main, ils sont to signés », explique Ole Hø bo, direeur de la galerie Dansk Møbelkun de Paris. Un grand plat décoré de perles, fleurs et fruits se décroche autour de ¥euros. Les rares apparitions sur le marché de sculptures perlées font l’événement. En témoignent les §euros dépassés chez Piasa en ¥ pour un oiseau d’une trentaine de centimètres de haut. Kaipiainen a ses colle ionneurs, en Europe du Nord, mais aussi en Amérique et en Asie. De grands décorateurs apprécient ses oeuvres, comme Jacques Grange et Pierre Yovanovitch. « Il a beaucoup produit, ma ses belles pièces appara sent sur le marché par à-coups, indique Ole Hø bo. On n’en avait pas vu pendant longtemps, ma ces dernières années on en trouve de nouvelles. C’e donc le moment d’acheter. »
À lire : Birger Kaipiainen, de Harri Kalha, éd. The Finnish Literature Society, 249 p., 46 €.
À savoir : dessinés dans les années 1950, certains papiers peints de Birger Kaipiainen pour Pihlgren & Ritola sont toujours édités. tape itehdas. Fondée par les héritiers de Birger Kaipiainen, la société Kuovi édite des textiles ornés de ses motifs. kuovi.