Bienvenue chez Marion Mailaender
L’architecte d’intérieur nous a ouvert les portes de son lieu de vie, un appartement situé dans le nord de Paris. Elle nous raconte son univers en quelques mots- clés.
La décoratrice inaugure, avec son appartement parisien, notre nouvelle rubrique d’intérieurs de jeunes créateurs.
Les racines marseillaises. « J’ai grandi à l’époque de Julien Clerc, dans le Marseille des années 1980. Mes parents habitaient dans la Cité radieuse de Le Corbusier. C’est sans doute là que j’ai découvert ce côté hyper fonctionnel toujours présent dans mon travail. Au fil du temps, j’ai constitué mon catalogue d’icônes du design et de décors que j’aimais. Je ne trouve rien de plus beau que les lieux dans lesquels j’ai des souvenirs heureux. J’essaie de reproduire leurs ambiances dans mes projets. »
Les rencontres. « Depuis l’enfance, je gravite autour de personnalités liées à la création et certaines m’ont ouvert des portes. J’ai connu mon mari, le plasticien Thomas Mailaender, à l’âge tendre. Pendant mes études à l’école Boulle à Paris, j’ai travaillé le week-end dans la boutique de la femme du grand collectionneur Bob Calle et me suis liée d’amitié avec lui. Plus tard, j’ai rencontré sa fille, l’artiste Sophie Calle. Il y a aussi le galeriste Emmanuel Picault,
que je côtoie depuis dix ans ; il m’a permis de formuler un design plus simple et radical. Ou la créatrice Amélie Pichard, dont j’ai conçu la boutique. »
Un autre Paris. « Nous venons d’emménager dans un immeuble de la fin des années 1960. Lors de notre visite, plus rien ne racontait cette époque-là : il y avait des lames de parquet larges façon loft belge et un frigo américain. Reconstituer un appartement haussmannien en collant de fausses moulures aurait été absurde. On s’est dit qu’on allait faire une immense “piscine” en mettant partout des émaux de Briare blancs. Ils reflètent la lumière qui inonde l’appartement, son principal atout. »
Le goût du design. « Je fais confiance aux choses de mon époque, j’achète régulièrement des prototypes à de jeunes designers. Mais je n’aime rien tant que le design italien, c’est le plus drôle et le plus graphique ; ou le design sans limites, comme celui de Pierre Sala, capable de faire une table en forme de cahier géant avec des pieds
crayons à papier et d’assumer sa blague. Ce côté irrévérencieux me plait. C’est dans ce sens que j’ai rendu hommage à Gio Ponti à travers un remix de la chaise Superleggera rebaptisée Superpesante, tout en bronze. »
Collectionner l’art contemporain. « Tout en apprenant à danser le MIA, je m’intéressais à l’art. Il y avait un Claude Viallat à la maison. Avec mes premières royalties, j’ai acheté un dessin de Julien Berthier à la galerie Vallois. Pour notre mariage, à la place de la traditionnelle liste, on nous a offert quelques pièces comme la lampe de Michelangelo Pistoletto et celle de Franz West, éditées par Memphis Milano.
Parfois aussi nous échangons des pièces avec des artistes devenus des amis. »
L’actualité. « Je travaille sur le flagship d’une marque de cosmétique au coeur de Paris et sur un plateau de 350 mètres carrés avec rooftop à Bruxelles, un ancien parking que je transforme en appartement. Ce sera un all-over en béton ponctué de volumes abritant les différentes pièces à vivre. Au printemps prochain, mon premier projet hôtelier sera inauguré : un petit établissement en bord de mer dans le village des Goudes à Marseille, dont le nom, Tuba, est un clin d’oeil à l’ancienne activité du bâtiment, une école de plongée. »